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Patrimoine

Pise : à l'assaut !

Le public peut de nouveau, après une longue pause de onze années, monter les 293 marches de la célèbre tour penchée de Pise.

ROME, 14 déc (AFP) - La Tour penchée de Pise, fermée au public depuis plus de onze ans, rouvre samedi au public, mais l'événement sera célébré avec gravité en hommage aux "Twin Towers" de New York disparues dans l'attaque terroriste du 11 septembre. Les scellés, posés le 7 janvier 1990, seront ôtés dans la matinée. Suivra une après-midi portes ouvertes, mais ni festivités, ni mondanités ne sont prévues pour saluer la renaissance touristique du plus célèbre campanile italien qui accueillait 800.000 visiteurs par an avant sa fermeture. Le ministre italien des Biens culturels Giuliano Urbani assistera à la cérémonie. Seule la présence attendue de télévisions du monde entier, japonaises surtout, témoigne de l'enthousiasme suscité par le monument médiéval qui fait la fierté et la fortune des Pisans. "Cette austérité est voulue et nous semblait plus adaptée après ce qui s'est passé le 11 septembre", explique le conservateur du monument Pierfrancesco Pacini, président de l'Opera della Primaziale. Déjà le 18 septembre, la Primaziale avait fait sonner les sept cloches de la Tour en mémoire des victimes de l'attentat du World Trade Center. Un premier groupe de visiteurs s'élancera à l'assaut des 293 marches inclinées à partir de 13h00 locales (12h00 GMT) et l'ascension sera exceptionnellement gratuite toute l'après-midi.

Pour les autres, l'ivresse des hauteurs inclinées sera désormais encadrée par deux guides, se fera par groupe de trente et durera 40 minutes maximum. Le billet coûtera 15 euros, soit près de huit fois plus que le tarif pratiqué auparavant. Un système de pré-vente sur internet doit voir le jour début 2002, qui permettra de réserver et payer par carte de crédit depuis le monde entier, selon M. Pacini. La Tour, haute de 58,5 mètres, avait été fermée au public en raison des risques d'effondrement. Elle penchait alors de 4,50 mètres par rapport à son axe vertical. En mars 1989, une tour moins connue, celle de Pavie (nord), était sortie de l'anonymat en s'écroulant et l'accident avait fait quatre morts. La municipalité de Pise avait alors promis que les travaux durerait trois ans. Onze ans ont passé durant lesquels les spécialistes se sont relayés au chevet de la tour, d'abord pour la cercler de câbles en d'acier et éviter qu'elle ne s'écroule sous la pression en porte-à-faux de son propre poids de quelque 15.000 tonnes.

Il a fallu ensuite lui injecter du plomb à la base afin de la stabiliser temporairement, et ainsi de suite, jusqu'à ce que la Tour retrouve sinon le sens de la verticale, du moins l'inclinaison charmante qu'elle avait vers 1800. Les travaux de consolidation, dirigés par un ingénieur polonais d'origine et italien d'adoption, Michele Jamiolkowski, ont permis de redresser l'édifice a Tour de 39,6 centimètres. Le monument a finalement été libéré des inesthétiques bretelles, ceintures et autres blocs de plomb, et selon M. Jamiolkowski, la Tour est désormais sécurisée pour les 250 à 300 années à venir. Le chantier, interrompu à plusieurs reprises faute d'argent, aura coûté plus de 28 millions d'euros et s'alourdira d'au moins 4,5 millions supplémentaires pour les travaux de restauration de la façade en marbre qui doivent durer cinq ans. Symbole de la puissance de la République maritime de Pise au Moyen-Age, la tour, qui est située sur une nappe phréatique, a penché dès le début de sa construction au XIIème siècle, pour s'incliner encore plus après son achèvement en 1372. La première pierre de la Tour, qui forme un ensemble architectural avec la cathédrale et le baptistère de Pise, avait été posée le 9 août 1173.
Claudine RENAUD

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  AFP
15.12.2001