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Patrimoine

L'union fait la force

Le regroupement de petites associations pour la préservation du patrimoine sous la houlette d'Europa Nostra permet des actions de plus grande envergure.


Le Pavillon des Eléphants du Zoo de Budapest
en Hongrie, après sa restauration.
© Europa Nostra
Europa Nostra est une fédération européenne regroupant des organisations non gouvernementales pour la protection du patrimoine. Plus de deux cents associations, représentant des millions de citoyens, participant à la préservation et restauration du patrimoine local, sont regroupées sous ce nom. L’objectif d’Europa Nostra est d’encourager la protection et la mise en valeur du patrimoine à travers différents critères. Des normes de qualité élevées en matière d’architecture et d’aménagement du territoire sont requises. On recommande aussi l’utilisation du potentiel socio-économique du patrimoine et le développement équilibré et durable de l’environnement urbain et rural. Depuis 1978 un concours récompense chaque année des projets. C’est en quelque sorte la vitrine de l’organisation. Parmi les réalisations primées en 2000, on compte la restauration de la Villa Müller à Prague, basée sur une recherche documentaire approfondie du concept original de l’architecte Adolf Loos, ou encore la reconstruction du Grand Théâtre du Liceu de Barcelone détruit par un incendie en 1994.

D’où vient le nom d’Europa Nostra,?
Robert de Léontoing d’Anjony, Vice-Président de « La Demeure Historique » et représentant en France d’Europa Nostra. Europa Nostra est une association assez ancienne, créée il y a une quarantaine d’années à partir d’une idée italienne : Italia Nostra. Le fondateur a décidé d’élargir le propos et de passer à l’échelon européen. Aujourd'hui nous regroupons 230 associations, dont 1300 adhérents individuels, mais aussi des personnes morales - entreprises ou universités par exemple - n'ayant pas droit de vote.

Vous êtes en relation avec l’Union Européenne, le Conseil de l’Europe et l’UNESCO ? Vous soutiennent-ils financièrement ?
Robert de Léontoing d’Anjony. Oui, mais c’est un combat annuel pour obtenir quelques subsides. Comme pour toutes les associations, ce sont les cotisations de tous les adhérents qui nous aident en premier lieu. Etant donné la taille de notre association, qui concerne la grande Europe, nous sommes tenus d’avoir un budget un peu plus important. Donc tous les contributeurs possibles sont les bienvenus et notamment l’Europe : en dehors des cotisations et donations de ses membres, Europa Nostra reçoit un soutien financier de la Commission européenne et de mécènes privés.

La plupart des pays européens ont des structures gouvernementales très importantes pour la sauvegarde du patrimoine. Quel rôle des associations comme celles qui sont fédérées par Europa Nostra ont-elles à jouer ? Quelle est la place d’Europa Nostra ?
Robert de Léontoing d’Anjony. Europa Nostra a déjà une petite structure en France que nous allons étoffer et qui va s’appeler « Europa Nostra France ». Cela va aider à développer les contacts entre les associations nationales et le siège, pour faire remonter ou descendre les informations concernant la protection du patrimoine. Ce thème semble général, mais cela peut s’appliquer par exemple au niveau d’interventions en faveur de la défense d’un monument en péril. Peut-être pas pour la défense d’une petite ferme dans le Périgord, ce qui est le rôle des associations locales. Mais c’est utile pour un cas comme celui de Vaux-le-Vicomte, dont on parle en ce moment, qui est attaqué par un projet industriel considérable par rapport à la région et à l’image même de l’édifice. Une déchetterie a obtenu l'autorisation de s'implanter à proximité. Elle se trouverait au-delà de la zone protégée, ce qui est légal, mais on pourrait la voir depuis le domaine de Vaux-le-Vicomte. Là, on peut intervenir pour essayer d’attirer l’attention, à travers l’ensemble des associations du patrimoine, sur la nécessité de protége ce site.

N’est-il pas étonnant que ce soit le rôle d’associations de défendre un monument comme Vaux-le Vicomte ?
Robert de Léontoing d’Anjony.Grâce à ce tissu associatif répandu à travers l’Europe et dans chacun des pays, on arrive à faire beaucoup plus, parce que l’on a moins d’entraves administratives. Et puis il y a ce que l’on appelle le « lobbying » qui sert à faire une pression permanente et qui permet une mobilisation rapide.


 Laure Desthieux
28.11.2001