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Musées

Hélène Meyer, conservateur du musée des Beaux Arts de Dijon

Une œuvre majeure dans la carrière de Pierre-Paul Prud’hon (1758-1823), le plafond peint de la salle des statues du musée des Beaux-Arts de Dijon.


Pierre-Paul Prud'hon
Triomphe de la divine Providence,
1786-1787 © musée des Beaux-arts
de Dijon.
Installée dans une aile du Palais spécifiquement construite en 1781 pour l’accueillir, l’ancienne Ecole de dessin de Dijon dirigée à l’époque par François Devosge abrite actuellement les copies d’antiques envoyés par les élèves lauréat du prix de Rome, institué par la Province depuis 1776. Lauréat en peinture du prix de Rome de 1784, Prud’hon devait séjourner quatre ans dans la capitale italienne, à charge pour lui de réaliser une copie de maître pour le plafond de l’école. François Devosge demanda à Prud’hon, second prix de Rome de peinture en 1784, de réaliser une peinture pour le plafond de l’école dont il était le directeur. Originaire de Bourgogne et natif de Cluny, il passera un an à l’école en 1783 puis part pour Rome en 1784, l’année de sa nomination. Il propose divers modèles à son maître avant que Devosge ne lui soumette la copie d’un très grand plafond baroque de la fin du 18e siècle. Peint sut toile avec châssis, il est soutenu par des potences triangulaires en bois lui permettant son maintien actuel.

Malgré le désintérêt pour le baroque, Prud’hon se voit commander par son maître le plafond du Palais Barberini peint par Pierre de Cortone appelé le Triomphe de la Divine Providence. Réalisée en l’honneur de la famille Barberini, cette oeuvre est une allégorie glorificatrice du pontificat d'Urbain VIII. Alors qu’il juge sévèrement Cortone, il se pliera néanmoins aux exigences de son commanditaire. L’artiste peint donc une esquisse puis réalise une copie de ce plafond baroque. Il s’agissait pour lui de remplacer les armes de la famille Barberini par ceux du Prince de Condé. Au centre, l’allégorie de la Bourgogne s’appuyant sur un bouclier avec les armes de la Bourgogne drapée dans un large manteau bleu fleurdelysé s’adresse du regard à l’Immortalité volant à sa gauche. Dominant l’allégorie du temps, la Bourgogne est entourée de plusieurs symboles : à gauche, la Peinture bâillonnée comme la Poésie muette et la sculpture s’appuyant sur un buste. Le style très différent de celui de Cortone se veut être une copie libre de l’œuvre de ce dernier. Prud’hon a voulu lui donner une touche classique.

Ce plafond me semble intéressant par la présence de l’esquisse qui connue maintes péripéties avant de rentrer au musée des Beaux-Arts de Dijon et venir rejoindre le plafond. C’est en 1992 que cette esquisse réapparaît sur la marché de l’art. En 1995 elle est mise en vente à New York par un musée américain, mais le prix restait trop élevé pour le musée des Beaux-Arts de Dijon. Puis en 1997-1998, le Grand Palais consacre une exposition à Prud’hon, Prud’hon ou le rêve du bonheur, et présente cette fameuse esquisse prêtée par un collectionneur privé. Suite à l'exposition, grâce au soutien de l'état, le prix fut négocié et le Musée des Beaux-Arts pu enfin l’acquérir.




  Propos recueillis par L'Art Aujourd'hui
14.12.2001