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Expositions

Y a-t-il un Rembrandt dans la salle ?

Réunissant plus de 300 Rembrandt à la fin du 18e siècle, la collection graphique du prince Carl Theodor n'en compte plus que 15 après authentification.


Rembrandt, Figure d'homme,
Staatliche Graphische
Sammlung, Munich
© Photo: Engelbert Seehuber
Sous le titre, Rembrandt sur papier, l’Alte Pinakothek présente 90 œuvres dont la majeure partie appartient au cœur de la collection graphique de Munich. À la fin du 18e siècle, Carl Theodor (1724-1799) entreprend à la cour de Mannheim une politique éclairée en faveur des arts. Ainsi, l’école de musique de la ville prend son essor sous la direction de Johann Stamitz et le cabinet des dessins et estampes est fondé. Grâce aux acquisitions des agents et des diplomates installés à l’étranger, celui-ci compte 400 albums et plusieurs milliers de dessins dès 1769. En 1777, Carl Theodor, descendant des Wittlesbach, part assumer à Munich sa fonction de prince électeur de Bavière et du Palatinat. C’est alors qu’il décide le transfert de cette collection. Une dizaine d’années plus tard, celui-ci sera effectif, faisant entrer à Munich un immense ensemble d’œuvres dont 373 sont attribuées à Rembrandt.

Comme il est fréquent à l’époque, les œuvres ne sont en fait pas toutes de la main de l’artiste. Elles sont parfois le fait de son atelier ou de ses suiveurs, voire des contrefaçons du 18e siècle. Les résultats des études successives qui ont tenté de dresser un inventaire précis des dessins de Rembrandt prouvent la complexité d’une telle tâche. En 1906, Cornelis Hofstede de Groot parle de 155 œuvres. Vingt ans plus tard, le catalogue de Wolfgang Wegner ne compte que 19 originaux et 39 attributions possibles… Il aura fallu attendre les années 1990 et les analyses menées par deux scientifiques de l’Institut Doerner de Munich pour venir à bout de cette énigme.


Rembrandt,
La conspiration de Claudius Civilis,
Staatliche Graphische Sammlung,
Munich
© Photo: Engelbert Seehuber
Pour la première fois depuis 40 ans, les principales pièces de cette collection sont exposées : une quinzaine d’œuvres du maître et une soixantaine d’autres créées par ses contemporains. Elles prennent place aux côtés de dessins des collections du Rembrandthuis d’Amsterdam, du Kupferstich Kabinett de Dresde ou du Metropolitan Museum. Elles illustrent les différentes phases du travail de Rembrandt, ses sujets favoris (les modèles féminins, les scènes de genre, les scènes bibliques ou les figures exotiques) ainsi que les relations de l’artiste avec son atelier. Mais l’un des points forts de l’exposition concerne la décoration de l’hôtel de ville d’Amsterdam, construit dès 1625 par Jacob van Campen. Une esquisse de Rembrandt pour la Conspiration de Claudius Civilis et deux grands dessins préparatoires de Ferdinand Bol pour The Standfastness of Caius Fabricius Luscinus restituent l’importance de ce grand projet dont l’iconographie était consacrée aux débuts de la république romaine.


 Zoé Blumenfeld
05.12.2001