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New-York à l'heure asiatique

Les travaux de rénovation de la Asia Society, inaugurés le 17 novembre dernier, symbolisent la demande croissante d'échanges culturels avec l’Asie.


Le nouveau « Garden Court Cafe »,
avec une installation de l'artiste
indonésien Heri Dono.
© Asia Society and Museum
Fondée en 1956 par John D. Rockefeller, la Asia Society a pour vocation de développer une compréhension et une connaissance mutuelle entre les peuples asiatiques et américains. Au lendemain des attentats du 11 septembre, cette nécessité semble plus forte encore. Son réseau actuel s’étend jusqu’à Hong Kong, Shanghai, Manille, ou encore l’Australie. L’institution a quitté ses premiers locaux en 1981 pour son siège actuel 725 Park Avenue, conçu par l’architecte Edward Larrabee Barnes. Pour sa rénovation, c’est Bartholomew Voorsanger, qui a été choisi. Cet architecte new-yorkais avait déjà élaboré des projets comme le Pierpont Morgan Library Garden Court (1992), le musée de Rhode Island School of Design (1995) ou encore un centre d’études numériques pour la New York University. Pour la rénovation de la Asia Society, Voorsanger a entièrement reconfiguré l'intérieur de l'mmeuble, afin de doubler l’espace public. Il a également créé un jardin d’hiver où sont installées des sculptures et qui abrite un café.

Vous êtes directrice du musée depuis 1990. Quel bilan faites-vous de ces onze dernières années ?
Vishakha Desai. Un certain nombre de choses ont changé durant ces années. De plus en plus de gens voyagent en Asie et il y a donc une plus grande demande d’information sur cette partie du monde et sur sa culture. Par ailleurs, au cours des 10 dernières années, la présence d’américains d’origine asiatique s’est sensiblement développée aux Etats-Unis. En conséquence, notre mandat a également changé. A travers nos programmes et nos expositions, nous avons initié une série de thèmes sur l’Asie contemporaine qui ont contribué à changer la perception de cette zone du monde. Parallèlement nous nous sommes mis en quête d’art ancien en proposant des expositions point de repère sur des aspects inhabituels de l’art asiatique. Nous avons été les premiers à aborder des sujets comme les paniers en bambou japonais ou les sculptures des temples indiens expliquées dans leur contexte original. Nous avons présenté des éléments d’une façon nouvelle en incluant des questions d’aujourd’hui.


Le grand escalier, vue d'en haut
© Asia Society and Museum
D’où est venue l’idée de rénover et d’agrandir le siège de la Asia Society ?
Vishakha Desai. De même que l’Asie est devenue plus importante dans le monde des affaires, l'Asia Society s’est développée d’une manière qui n’était pas encore perceptible au début des années 80. Nous avons voulu créer un espace qui soit plus agréable pour les visiteurs et qui soit en accord avec les changements que les amateurs de lieux culturels attendent depuis quelques années. Nous avions donc besoin de galeries plus vastes pour exposer l’art contemporain et traditionnel et de meilleurs équipements publics, par exemple une boutique plus complète et un café. Enfin, nous avions besoin de relier les espaces publics d’une façon claire pour les visiteurs. C’était aussi le bon moment pour opérer des transformations, car notre installation de chauffage et de climatisation avait besoin d’être modernisée et cela aurait requis une rénovation importante dans tous les cas.

Quel est le budget de ce projet ?
Vishakha Desai. Le budget total pour la rénovation s’est monté à 38 millions $. Les fonds proviennent en partie de sources privées et de fondations, en partie de la ville.

Comment le choix s’est-il porté sur l’architecte Bartholomew Voorsanger ? Y-a-t-il eu un concours public ?
Vishakha Desai. Non, nous avons nous-même organisé un concours. Le conseil d’administration, notre président Nicholas Platt et moi-même avons dressé une liste de 40 architectes que nous jugions intéressants. Nous leur avons demandé de nous envoyer leurs portfolios ainsi que des suggestions. Dix études ont été retenues, puis 3. Voorsanger Associates a été finalement choisi pour ses solutions très créatives, comme celle de construire un nouvel espace public intégré au bâtiment. L’ajout du «Garden Court», de nouvelles galeries et leur connexion par le biais d’un magnifique escalier étaient des idées développées dès leur première présentation. Nous avons aussi été également très impressionnés par leur recherche sur la législation new-yorkaise dans le domaine de la construction. Enfin nous apprécions, la façon dont le musée s’intègre dans le cadre plus large du quartier.


 Laure Desthieux
21.12.2001