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Façade Sud © The British Museum

Un sauveur pour le British Museum ?

La nomination de Neil MacGregor au poste de directeur devrait redonner du lustre à une institution en difficulté.

Les Trustees du British Museum ont annoncé hier, par la voix de leur président, Graham Greene, une décision que beaucoup prévoyaient. La nomination sera effective à partir du mois d’août tandis que l’actuel directeur, Robert Anderson, quittera le musée en juin. Neil MacGregor, né en 1946, est depuis 1987 le directeur de la National Gallery de Londres. Il a eu un rôle déterminant dans la modernisation du musée. C’est sous son mandat qu’a été ouverte l’aile Sainsbury, qu’ont été développées les activités éducatives et éditoriales. Il a milité pour l’acquisition d’œuvres essentielles comme La femme à l’écureuil de Holbein.

S’exprimant dans un français parfait, qu’il a peaufiné lorsqu’il était élève de l’Ecole Normale Supérieure après son Bachelor of Arts au New College d’Oxford, Neil MacGregor est avocat depuis 1972. Mais, plutôt que d’exercer, il a suivi une formation d’histoire de l’art à l’institut Courtauld, dont il a été diplômé en 1975. Après une expérience universitaire à Reading et à l’institut Courtauld, il a pris, à 35 ans, la direction d’une revue vénérable entre toutes, «The Burlington Magazine». Le rajeunissement du magazine, qui a dans le même temps entretenu sa réputation et maintenu son niveau de qualité, a constitué une préparation idéale à la mission qui devait suivre, et qui l’a rendu célèbre, à la National Gallery.

La tâche qui l’attend au British Museum s’annonce ardue. Le musée traverse en effet une phase difficile, amplifiée par les effets du 11 septembre, qui ont fait chuter la fréquentation d’environ 30%. Cet immense sanctuaire de plus de 6 millions d’objets - dont la fameuse pierre de Rosette et les frises du Parthénon, que la Grèce réclame avec insistance - est endetté (environ 30 millions de francs) et a été contraint par les pouvoirs publics a réviser à la baisse ses ambitions, comme nous l’expliquions dans un précédent article. L’inauguration du patio couvert, le Great Court dessiné par Norman Foster, n’a pas eu l’effet escompté et les comptes restent déséquilibrés, posant l’éternelle question de la gratuité. Sur un budget annuel de l’ordre de 45 millions de livres, les ressources propres représentent moins de 30%. Neil MacGregor qui compte parmi ses prédécesseurs le grand historien de l’art John Pope-Hennessy, a peu de temps pour redresser la barre : en 2003, le British Museum célèbre son 250e anniversaire. Pour ce vaisseau amiral de la culture anglaise, la fête se doit d’être flamboyante.


 Rafael Pic
30.11.2001