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Politique culturelle

Hollywood sur le Vieux-Port

Après Taxi et d'autres succès récents, la cité phocéenne lance la construction d'une petite cité du cinéma, qui verra le jour en 2003.

MARSEILLE, 4 déc (AFP) - Des films de Guédiguian à la très populaire série des "Taxis", les tournages se multiplient à Marseille, qui espère enraciner cet engouement grâce à la création prochaine de studios pour capter une part
croissante d'un marché largement dominé par l'Ile-de-France. Marseille "n'est plus seulement la ville de la trilogie de Pagnol, elle est devenue un véritable pôle d'attraction pour le cinéma et la télévision", avec des retombées économiques estimées à 7,62 millions d'euros (50 millions de francs) par an, se félicite Monique Venturini, déléguée au cinéma de la Ville.
En 1995, 28 films, tous genres confondus (vidéo-clips, publicités, séries télévisées, courts ou longs métrages) avaient été tournés dans la cité phocéenne, selon la municipalité. D'ici fin 2001, une centaine de tournages, dont une dizaine de longs métrages (notamment "Total Khéops" d'Alain Bévérini
et "Les Marins perdus" de Claire Devers, tirés des romans de l'auteur marseillais Jean-Claude Izzo), se seront déroulés sur La Canebière. "Depuis deux ou trois ans, on ressent une incidence certaine de l'augmentation des tournages sur le recrutement des figurants et comédiens", explique Sylvie Merono, de l'ANPE spectacle de Marseille, où sont inscrits quelque 2.000 intermittents. Les producteurs "nous appellent essentiellement pour des petits ou seconds rôles, jamais pour les premiers rôles, distribués à Paris", avoue-t-elle cependant.

De l'avis des professionnels, qui soulignent la qualité des décors et de la
lumière dans la région, la seule chose qui pèche à Marseille, c'est l'absence de studios de production. "Quand les autres producteurs nous demandent comment ça se passe à Marseille, nous leur disons que nous sommes très contents et cela a un effet boule de neige", déclare Bernard Grenet, producteur exécutif de "Taxi III", en cours de tournage à Marseille. "Mais Marseille n'a pas de
studios. Tout ce travail est fait à Paris". Un handicap que la cité phocéenne devrait bientôt combler, avec la création, dans le cadre du projet d'aménagement urbain Euroméditerranée, d'un pôle "média" sur le site des anciennes manufactures de tabacs de la Belle de Mai. "L'idée, c'est d'avoir un endroit où soient réunies la création et toute la chaîne technique des métiers de l'image et du son", explique Philippe Stéfanini, chef du département de l'action économique d'Euromed.

Ce projet de 27.000 m2 livrables début 2003, d'un coût total de 30,5 M EUR (200 MF), comprendra un îlot "studios" de 5.000 m2. Trois plateaux de 1.100, 800 et 300 m2 seront complétés par une "rue technique", des ateliers de montage, de décors et de costumes, des loges, ou encore des bureaux de production. Le choix de l'exploitant, qui servira "d'hôtelier" pour les producteurs, devrait être annoncé en janvier. "L'objectif est de fixer 15% de la production audiovisuelle française, devenir une base arrière des tournages de la région mais aussi des nouvelles formes d'image", poursuit Philippe Stéfanini. En attendant, le secteur est toujours dominé par la région parisienne tandis que la concurrence étrangère est rude. Sur 1.100 à 1.200 semaines de tournages de long métrages annuelles, 50 % se déroulent en Ile-de-France, 25% en province et 25% à l'étranger, relève Benoît Caron, délégué général de la commission nationale du film. L'arrivée de studios à Marseille "accroîtra l'intérêt de la région PACA, qui dispose d'un fort potentiel sous-utilisé, mais il y a la concurrence de régions comme Rhône-Alpes offrant des aides financières, et de l'étranger" (Allemagne, Luxembourg et Grande-Bretagne), poursuit-il.

Par Emmy VARLEY


  AFP
05.12.2001