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Musées

Sonya Martinson Uppman, directrice du centre culturel suédois

L’habit de noces du Roi Gustave III de Suède (1746-1792) est présenté au public pour la première fois en France.


© centre culturel suédois
Le mariage du Prince héritier avec la princesse danoise Sophie Madeleine, décidé dès leur plus jeune âge, fut un mariage d’alliance politique pour « le bien de l’Etat ». La cérémonie célébrée en grande pompe eut lieu le 4 novembre 1766. Grand ami de la France, Gustave III avait une bonne connaissance de la culture française et adorait s’y rendre. Il désirait pour son mariage ce qu’il y avait de plus beau et de plus à la mode. Ce très bel ensemble fut commandé en juillet 1766 par Gustav Philip Creutz, ambassadeur de Suède en France à la demande du prince. Le brouillon d’une lettre rédigée de sa main est parvenue jusqu’à nous : un habit complet d’étoffe Riche en Broderie d’or sur toute les coutures asses magnifique pour être porté le jour d’une entrees publique ou Le Lendemain d’une Noce pourant coûter a peu pres trois mille Livres. Le chapeau et le nouex d’epe i apertenent.


Habit de mariage du Roi Gustave III
de Suède

© centre culturel suédois
Les ateliers Le Roux et De la Salle à Paris furent chargés de la confection de ce vêtement. Ils fournirent le tissu et exécutèrent la réalisation des broderies. La coupe et le montage furent effectués à Stockholm, de façon à s’adapter à la morphologie du futur roi. Le costume princier est un habit à la française, selon la mode de l’époque, composé d’un justaucorps, d’une veste, de culottes, d’un ceinturon brodé de paillons d’or et de souliers. Les tissus précieux se constituent d’un drap croisé d’argent avec des éléments de soie tressés, également d’argent. La doublure est en moiré d’argent blanc et de soie croisée. De magnifiques broderies de papillons, de paillettes, d’entrelacs et de rameaux de feuilles en fils d’or viennent rehausser l’ensemble ainsi que des boutons brodés de fils d’or et la plaque de l’ordre des Séraphins, cousue sur la poitrine. D'une grande finesse, des nuages bleutés émergent de soleils éblouissants. Quand Creutz termine le relevé des coûts, la somme allouée est dépassée, mais l’ambassadeur présente une excuse : 40 ouvriers ont dû travailler jour et nuit pour finir à temps. Le 19 août 1776, Creutz informe le prince que les vêtements commandés ont été dépêchés par courrier extraordinaire. On peut suivre, étape par étape, la confection du costume à travers la correspondance (conservée) du prince avec l’ambassadeur de Suède à Paris. Ce dernier était chargé de transmettre les demandes du prince auprès des ateliers de confection. Il avait également pour mission de rendre compte de l’évolution de la mode vestimentaire à la cour de France, à laquelle Gustave III accordait une attention toute particulière.


  Propos recueillis par L'Art Aujourd'hui
10.12.2001