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Patrimoine

De Bamiyan à Bâle

Un architecte suisse désire reproduire les bouddhas afghans.

BUBENDORF (Suisse), 7 déc (AFP) - Les bouddhas géants de Bamiyan, détruits par les talibans en mars dernier, pourraient trouver bientôt leur réplique près de Bâle, grâce à un architecte suisse féru d'Afghanistan et créateur d'un musée dédié à la culture de ce pays. "Dans un premier temps, l'idée est de construire ici, au musée, une reproduction très fidèle des bouddhas, à l'échelle 1/10e", explique Paul Bucherer, 59 ans, dont 30 ans de voyage en Afghanistan. "Plus tard, le rêve serait de reconstruire les statues à l'identique, à Bamiyan", ajoute le collectionneur, qui a rassemblé dans un petit hangar de Bubendorf, à 17 km de Bâle, une impressionnante quantité de livres, photographies, bijoux, peintures, instruments de musique, lampes à huile et autres tapis de prière afghans. "J'ai fait soumettre l'idée aux délégations afghanes, pendant les pourparlers de Bonn, et elles m'ont fait part de leur intérêt", se félicite M. Bucherer, qui espère pouvoir se rendre bientôt à Bamiyan pour évaluer plus précisément les dégâts provoqués par les talibans. "J'ai également informé l'UNESCO, qui m'a dit être prête à apporter officiellement son soutien au gouvernement afghan dans ce projet, lorsque le moment sera venu", ajoute-t-il. Pour redonner vie aux statues de grès rouge dynanmitées par les talibans - les deux bouddhas mesuraient 35 et 53 m de haut -, M. Bucherer entend se baser sur les photographies et les mesures effectuées sur place en 1978 par un universitaire autrichien. Ces relevés, numérisés et traités par ordinateur, permettraient de créer une reproduction virtuelle en trois dimensions des oeuvres d'art, puis de resculpter de véritables statues. La première partie de ce programme - numérisation des données et création d'une représentation virtuelle en 3D - coûterait quelque 74.000 euros, selon l'architecte. La seconde - construction d'une statue de 5 à 6 mètres de haut -, nécessiterait un investissement de 253.000 euros. Quant à la dernière phase - la reconstruction sur place des statues à taille réelle -, le collectionneur suisse, qui a pour l'instant récolté un peu plus de 11.000 euros de dons grâce à un site internet -, préfère ne pas avancer de chiffre. "Ca coûterait des millions", observe-t-il simplement, en précisant dans un soupir que "l'UNESCO n'a pas d'argent pour ce genre de projet". L'UNESCO, justement, a longtemps été réticente au "musée de l'Afghanistan" que l'architecte helvétique a créé à Bubendorf, une bourgade de 6.000 habitants qui reçoit beaucoup de journalistes depuis que les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis ont placé l'Afghanistan à la une de l'actualité. L'organisme onusien aurait notamment exprimé son inquiétude en rappelant à M. Bucherer que le patrimoine culturel afghan n'avait pas vocation à être exposé en Europe. "Après la destruction des statues de Bamiyan, en mars, l'UNESCO a changé d'attitude et a reconnu qu'il fallait sauver ce qui pouvait l'être", se rappelle l'ancien collaborateur de la Croix-Rouge en Afghanistan. "De toutes façons, ce musée n'est qu'un refuge pour des oeuvres en exil, qui auraient été en danger de mort dans leur pays. Mon but est de les ramener là-bas dès que ce sera possible".
Jutta HARTLIEB et Arnaud BOUVIER

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10.12.2001