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La commande publique à l'âge de la majorité

Un documentaire de Philippe Piguet, diffusé dimanche sur la Cinquième, fait le point sur 18 ans de commande aux artistes contemporains.

Il est logique que ce documentaire, imaginé par le critique d'art Philippe Piguet, fasse la part belle à la ville de Strasbourg et à la Délégation aux Arts Plastiques du Ministère de la culture : ces deux collectivités ont largement contribué au financement de sa réalisation... Voici donc un tour de France, en 52 minutes, des œuvres d'art monumentales commandées depuis vingt ans par les institutions. Tout commence dans la capitale alsacienne, où une cycliste interdite, devant un abri-bus décoré d'images humoristiques signées Alain Séchas, finit par déclarer à la journaliste qui l'interroge que «ça ne change pas la vie mais ça la rend mieux». Du Nord-Est au Sud-Ouest, la promenade est ensuite agréable, grâce à la générosité et à la finesse du regard du réalisateur, Jean-Paul Fargier
(auteur par ailleurs de 96 documentaires, notamment consacrés au cinéaste Godard et aux écrivains Joyce et Sollers).

Dans une cantine de Dijon, comme au fin fond du parc naturel des alentours de Digne, les œuvres sélectionnées vieillissent harmonieusement. Signaux, repères, instruments de mémoire, elles sont intégrées. Ponctué d'interviews des différents acteurs de cette curieuse aventure - hommes politiques, hauts fonctionnaires du ministère, artistes - le film permet de comprendre les logiques de la mécanique désormais bien huilée (née en 1983) de la commande publique : «Une forme de militantisme moderne», estime l'artiste Buraglio, interrogé à propos de l'oratoire qu'il a récemment conçu pour l'hôpital Bretonneau (Paris, inauguration le 18 décembre). Seuls petits regrets : pas un mot sur les budgets ! Et pas une polémique : rien que des témoignages de gens satisfaits ! Un bon vieux grognon, à Bar-le-Duc par exemple, agacé par l'audace de la fontaine conceptuelle (et rouillée), installée à la place du banc où il avait l'habitude faire sa sieste, et vociférant contre toute forme de perturbation, moi, je trouve que cela aurait rendu le documentaire plus crédible. Et plus joyeux.


 Françoise Monnin
08.11.2001