Un sanctuaire paléolithique découvert dans le Quercy

La découverte par trois spéléologues, qui date du mois de mars, a longtemps été tenue secrète. Il s'agissait de protéger la grotte ornée, dont les accès sont par ailleurs dangereux. Pas de show médiatique pour l'occasion mais une conférence à la mairie de Frayssinet-le-Gélat, la petite commune du Lot qui l'abrite, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Cahors. D'après les premières estimations, la grotte aurait été un lieu de culte, remontant au Gravettien (entre -29000 et -24000 avant le présent) ou au Solutréen (entre 23000 et 18000 avant le présent). «Il est difficile de dater précisément, nous explique Michel Vaginay, conservateur régional de l'archéologie. Il faudrait pour cela effectuer une datation au carbone 14, qui n'est possible que si les pigments noirs sont d'origine organique (charbon) mais impossible s'ils sont minéraux (manganèse). Nous nous sommes basés sur une comparaison avec les autres grottes ornées des environs, soit une vingtaine dans le département du Lot et une cinquantaine dans la région Midi-Pyrénées.)»

La grotte est divisée en deux cavités. La première présente une empreinte de main et le profil de deux herbivores. La seconde est plus captivante. Elle est couverte de ponctuations. «Ces points noirs sont disposés en groupes, en quadrillages ou en nuages, soufflés à la sarbacane ou même simplement sans instrument, à la bouche. Michel Lorblanchet a montré que des aborigènes d'Australie utilisent encore cette technique. Nous supposons qu'il s'agissait d'un lieu de pratiques symboliques. Après son occupation par les hommes préhistoriques, des sédiments ont obstrué les accès de la grotte. Il va maintenant être procédé à l'installation de passerelles et au relevé systématique de la grotte. Une demande de protection au titre des monuments historiques sera très probablemente déposée. Puis il ne restera qu'à élucider le mystère des points noirs…