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Expositions

Texier, les droits de l’homme sur le métier

La Suite des droits de l'homme de Richard Texier constitue un exemple du renouveau de la tapisserie de la fin du 20e siècle.


© André Morain
Présentée dans une architecture moderne et mises en scène par Alexandre Luthi, cette série monumentale, dont chaque œuvre se déploie sur 400x400 cm et une sur 600x600 cm, a mobilisé les six principaux ateliers de la ville d’Aubusson et pas moins de 80 lissiers, lissières et couturières durant 7 mois. Issue d’une commande publique, contractée en 1989 sous l’égide de la mission du Bicentenaire de la Révolution française et du Cercle de la tapisserie des droits de l’homme, cette œuvre, comme nous l’explique la commissaire de l’exposition Marie Lavandier, est « un regard porté par l’artiste sur une question cruciale dans notre monde actuel, le devenir de ces règles qui ont permis aux individus de s’exprimer en toute liberté ».


© Jean-Luc Mabit
L’exposition propose de découvrir en exclusivité les principales étapes de création. Présentés dans une pièce à part, des esquisses, des dessins à l’encre, des études et des maquettes préparatoires réalisées sur toile et intégrant divers matériaux bruts permettent au public d’en survoler le parcours créatif. La laine, la soie, le lin, des pigments, des pièces d’acier clouées confèrent à ces préparations un aspect artistique à part entière. La seconde étape aborde les diverses phases de l’élaboration des tapisseries, depuis la préparation des cartons jusqu’à la « tombée de métier », moment unique dévoilant l’endroit de l’œuvre après des mois de tissage à l’envers imposée par la technique dite de « basse-lisse ».

Des cimaises, d’un bleu outremer et marquées de typogrammes « X-Y », jalonnent le parcours. Dans ce cosmos de laine, de soie, de lin, de fils d’or et d’acier ; des fonds ocre et gris se retrouvent tout au long de l’ensemble et rythment les figures symboliques inspirées des gravures anciennes du 18e siècle, dont certaines sont exposées. On retrouve le triangle et le chaudron, sorte de réservoir d'où jaillissent les droits de l'homme, l’échelle et le pont pour évoquer les liens entre des lieux différents. D’autre part, les instruments d’astronomie et de navigation stylisés s’apparentent à des guides dans l’évolution humaine. De ces compositions foisonnantes aux titres évocateurs (Plusieurs raisons d’espérer, dans le sens de la liberté, Bientôt tout va danser…), à la consonance mi-allégorique, mi-ludique et aux multiples entrelacs, surgissent des fragments d’articles de la Déclaration. Ces derniers résonnent tel « un hymne à la liberté de créer, l’une des plus fondamentales que l’on puisse accorder à l’être humain».


 Souad Hali
18.12.2001