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Marché

Des hussards à Drouot

Toute une imagerie populaire assemblée par un collectionneur et dispersée par l’étude Mercier, Kalck fait revivre le Second Empire.


Ensemble casque et cuirasse
des cent-gardes, avec son gilet,
ses épaulettes et ses aiguillettes
de sous-officier.
Estimation : 65 000 - 75 000 FF
© Etienne Mercier - Catherine Kalck
Livres, journaux, revues, annuaires, lithographies, gravures, en tout environ 800 lots qui retracent la société civile et politique de 1830 à 1875. Des pièces qui sont accessibles à tous avec des estimations qui vont de 100 à 80 000 FF. Les objets présentés permettent de retracer l'histoire de cet empire, du sacre avec un Grand portrait de Napoléon III en costume de sacre par l'entourage de Winterhalter, en passant par la vie sous le règne au travers de portraits comme ceux conservés dans un album de photo-cartes, à la guerre de 1870. Cette thématique de vente est originale, car si les enchères de mobilier du Second Empire ont la faveur du public, il est très rare de voir des ventes de documents historiques de cette période. Généralement les objets sont dispersés dans les ventes et ne sont pas rassemblés. Même si des pièces civiles sont présentes comme des revues avec le Magasin Pittoresque , Le Charivari ou à travers une imagerie populaire de l'époque, ce sont les œuvres militaires qui ont la part belle de cette collection.

La défaite de 1870 et l'instauration de la Troisième République donnèrent vie à un nouveau genre pictural : le genre militaire. Loin de la noble peinture de bataille qui servait de propagande au régime, des artistes s'illustrèrent en donnant vie à une peinture de genre anecdotique. L'iconographie abandonne l'empereur, la gloire et ses exploits pour se tourner vers les soldats inconnus. Parmi les peintres qui donnèrent leurs lettres de noblesse à ce nouveau genre, deux grands représentants : De Neuville et Detaille. Le premier est présent dans cette collection avec une reproduction de sa peinture, Combat sur une voie ferrée, présentée au Salon de 1874, cette toile succédait à son triomphe de 1873 Les Dernières Cartouches . Combat sur une voie ferrée obtint un succès critique auprès des salonniers et fut largement reproduite dans la presse de l'époque comme le prouve cette gravure publiée par Le Monde Illustré (lot 206). Detaille, l'élève de Meissonier, qui s'illustrait déjà avant la guerre par de petites toiles de genre, précises jusqu'au moindre bouton de guêtre, est présent dans cette collection. Plusieurs de ses œuvres sont dans la section des dessins, aquarelles et tableaux comme un dessin à la plume d'un Voltigeur de la garde en grande tenue ou une huile sur toile dédicacée à Goupil, Une ligne de fusiliers prussiens tués pendant la guerre de 1870. Cette vente intéressera aussi les collectionneurs d'uniformes avec une multitude de lots comme des sabres, des épées, des décorations, des coiffures et des casques à cimier. La plus belle pièce de cette section est un ensemble casque et cuirasse des cents-gardes en parfait état de conservation, avec crinière et houppette blanche. Enfin, les chasseurs de signatures pourront compléter leurs collections d'autographes avec ceux de Lamartine, de Louis-Napoléon Bonaparte, de Victor Hugo ou de la princesse Eugénie.


 Magali Desautez
19.12.2001