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Musées

Jacob van Hulsdonck, Nature morte à la céramique Wan Li et au bouquet d'œillets
© Musée municipal de Melun


Le tableau d'Annie-Claire Lussiez (conservateur au musée municipal de Melun)

Une nature morte de Jacob van Hulsdonck (1582-1647) s'avère un véritable univers de symboles à décrypter.

Nous possédons au musée deux peintures sur bois de Jacob van Hulsdonck. Ces deux pendants représentent des natures mortes : grappes de raisins sur l’un, une coupe de fruits sur l’autre. C’est de ce dernier que je voudrais parler et plus particulièrement d’un détail : le petit bouquet d’œillets près de la coupe Wan Li de porcelaine bleue et blanche. Les 5 œillets sont rouges et blancs. Ce sont les premiers œillets cultivés en Europe. Cette peinture, aux couleurs chaudes où de petits insectes et les tâches sur les fruits ne sont pas sans évoquer les vanités et le caractère éphémère de la vie, caractérise bien le style flamand du 17e siècle. L’œillet tombé du vase nous rappelle à la dure réalité de ce monde.

Les deux œuvres sont entrées dans la collection en 1993. Il s’agissait alors d’un achat exceptionnel de la ville bénéficiant de participations et de souscriptions du Conseil Général, de la DRAC...Une œuvre qui coûta très cher mais représente une pièce maîtresse de nos collections. Analyses et restauration ont été entreprises dès 1994. Ces études nous ont révélé la technique du peintre. L’artiste appliquait une réserve de blanc en préparant son fond, de manière à faire ressortir les fleurs et les fruits. L’aspect le plus contraignant de l’œuvre vient de sa conservation préventive. En effet, la peinture sur bois nécessite une surveillance permanente de l’hygrométrie de la salle, une modification brutale du taux de vapeur d’eau pouvant avoir de graves conséquences.

Cette fragilité nous empêche de faire voyager les deux peintures classées monuments historiques . Le réaménagement récent du musée nous a permis de les intégrer dans une ambiance 17e siècle. Dans la salle, des natures mortes de van Roestraeten, van Aelst déposées par le Louvre, du mobilier d’époque et une sculpture de Barthelémy Prieur. Les cimaises ont été choisies en fonction des couleurs des deux panneaux principaux. Des œuvres centrales aussi importantes dans leur intégralité que dans leurs détails.


  Propos recueillis par L'Art Aujourd'hui
18.09.2001