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Suite de la passion Céline ?

Après les records établis pour des œuvres de l'écrivain en 2001, l’étude Farrando Lemoine disperse 35 lettres rédigées pendant l'exil danois.


L'une des 35 lettres adressées
par Céline à Daragnès
Le 15 mai dernier, lors de la vente de l’étude Piasa à Drouot Montaigne, le manuscrit du Voyage au bout de la nuit était préempté par la BnF en atteignant le record mondial de 11 millions de francs. Le 11 octobre, un ensemble de 75 lettres adressées par l’auteur à A.L. était emporté pour 920 000 francs lors de la vente de l’étude Claude Aguttes… « Dès qu’on a Céline, ça vibre ! », explique Fabrice Teissèdre, l’expert de la vente d'aujourd'hui. Comme si le style novateur de l’auteur et les polémiques autour de son rôle pendant l’Occupation soulevaient la passion chez les collectionneurs.

La correspondance mise en vente sur une estimation de 22 867 € (150 000 FF) constitue un ensemble cohérent de 35 lettres, rédigées entre 1948 et 1950. En 1948, Céline sort à peine de ses dix-huit mois d’incarcération dans les geôles danoises qui ont fait suite à la demande française d’arrestation et d’extradition. Privé de ressources et de logement, il réside chez son avocat local, Thorvald Mikkelsen, dans l’une des chaumières inconfortables de sa propriété de Klarskovgaard, au bord de la Baltique. Toutes ces missives sont adressées à «mon cher vieux» : Jean-Gabriel Daragnès, peintre, graveur et imprimeur montmartrois rencontré avant-guerre. Elles restituent la morosité de la vie quotidienne et le dépit de l’auteur qui rend compte à son ami intime de l’évolution de son procès, de ses démarches auprès des éditeurs et de l’état de santé de sa femme, Lucette. Toutes ces lettres sont rédigées à l’encre bleue, à l’exception de deux écrites lors de son passage à Copenhague, au chevet de son épouse hospitalisée. La correspondance s’interrompt en 1950 après la mort de Daragnès.


 Zoé Blumenfeld
18.01.2002