La Kunsthalle, un Palais de Tokyo à la viennoise ?

Au lieu d'un terrain vague sali par la crasse de la circulation environnante, c'est un charmant pavillon tout en verre teinté, lieu de rencontre, d'art, et de dégustation (dans son café). La nouvelle "Kunsthalle" de la Karlsplatz, cette place tellement centrale de Vienne, mais perdue au milieu de flots ininterrompus de voitures, n'a rien à voir avec l'ancienne, bâtie provisoirement il y a dix ans en attendant qu'un lieu d'exposition d'art contemporain soit logé dans le "Quartier des Musées", à quelques centaines de mètres de là. Après des années de retard, le "Quartier des musées" a enfin ouvert ses portes, et les cubes de préfabriqué de la Karlsplatz ont pu finalement être démontés. "Nous avons du nous battre comme des tigres pour garder cet espace, devenu par la force de l'habitude complètement associé à la Kunsthalle dans l'esprit des Viennois", se souvient le directeur de la Kunsthalle, Gerard Matt. Ou tout au moins des Viennois qui ont de l'esprit, puisque pour certaines forces très à droite, ce bastion des avants-gardes artistiques fait tache dans ce lieu par lequel tout le monde ne cesse de passer.

Le nouvel espace, signé de l'architecte autrichien Adolf Krischanitz (un chouchou des milieux artistiques germanophones) est léger, transparent, agréable à la vue comme à l'intelligence. "Une idée fondamentale demeure cependant, tient à préciser Gerald Matt : la structure reste celle du conténaire, c'est-à-dire du provisoire, de l'éphémère". Contrairement à la Kunsthalle du Quartier des musées, cachée derrière ses murs épais du 18e siècle, celle de Karlsplatz se veut ouverte sur l'extérieur. Sa petite salle d'exposition accueillera principalement les travaux de jeunes artistes fraîchement diplômés. Mais surtout, le café, un des plus branchés de la scène artistique viennoise, a été conservé tel quel, sa terrasse extérieure ayant même été fortement agrandie. Vivement les beaux jours !