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Expositions

Massimo Campigli, Femmes devant la porte, huile sur toile, 1964


Campigli, un Etrusque au 20e siècle

La fondation Mona Bismarck accueille Massimo Campigli. Pierre Schneider, le commissaire, défend un artiste trop méconnu à ses yeux.

Quel est l'intérêt de cette rétrospective ?
Pierre Schneider.
C'est la première qui est montée en France depuis la mort de l'artiste, en 1971. Elle présente une trentaine de tableaux de grande dimension, datant pour l'essentiel de la dernière période créative de Campigli, ses quinze dernières années, ainsi que des dessins. Nous réservons aussi une surprise avec la présentation de mosaïques reconstituées, que Campigli avait réalisées pour un monument public à Rome dans les années cinquante. Ces œuvres secrètes, codées - il était très influencé par l'art étrusque dont le côté indéchiffrable lui plaisait - sintègrent très bien dans un espace d'exposition qui est en fait un hôtel particulier.

Vous avez bien connu Campigli. Quels sont ses thèmes de prédilection Pierre Schneider. La femme ! Un jour, on m'a demandé comment le définir par rapport aux artistes de son époque. J'ai dit : « Campigli est aux femmes ce que Morandi est aux bouteilles. » Son histoire est curieuse. Il est le fils d'une étudiante berlinoise de bonne famille qui, pour cacher le scandale d'une grossesse inattendue, a émigré en Italie, à Florence. Campigli a longtemps été présenté comme le neveu de sa mère. Lorsque celle-ci s'est remariée avec un Anglais, ses demi-sœurs lui étaient présentées comme ses cousines. Campigli n'a eu la révélation de ses origines qu'à l'adolescence, au moment de la première guerre mondiale. Jusqu'à cet âge, il a vécu comme Achille, au milieu des femmes…

Campigli a maintenu jusqu'à sa mort des liens étroits avec la France.
Pierre Schneider
Oui, au début, il a longtemps hésité entre la littérature et la peinture. Il a produit des recueils de poésie d'avant-garde, dans la mouvance futuriste, comme Scrupules. Après la première guerre mondiale, il a été envoyé comme correspondant du « Corriere della Sera », le grand journal milanais, à Paris. Il faisait un travail de desk la nuit et peignait pendant la journée. Après la seconde guerre mondiale, quand je suis arrivé des Etats-Unis, il était déjà connu à Paris, où la galerie de France l'avait lancé. Campigli allait souvent à Saint-Tropez, où il s'était bâti une maison selon ses plans. Mais il a aussi vécu à Venise, en Angleterre. Il était habité par son rêve qu'il pouvait facilement transporter avec lui…


 Rafael Pic
14.09.2001