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Expositions

Les trois baigneuses, 1919
© Don de Mme Raoul Dufy, 1954
Musée des beaux-arts de Nancy

Derniers Dufy avant inventaire

Le musée des beaux-arts de Nancy offre une visite du fonds d'atelier de l'artiste : de l'impressionnisme au fauvisme, panorama de toute une vie de création.

Après un voyage au Japon en 2001, les œuvres de Dufy font escale sur la place Stanislas, au musée des beaux-arts de Nancy. Propriété de l'État après le décès de la veuve de l'artiste, Emilienne Dufy, en 1962, les toiles présentées sont issues du fonds d’atelier de Raoul Dufy. L'unique impératif de leur répartition était alors d’être « dispersées dans le plus grand nombre de musées français (...) en laissant choisir d'abord les trois musées à tour de rôle pour chaque pièce (Le Havre, Nice et le Musée national d'Art moderne) ensuite les sœurs et puis le frère de Raoul Dufy, après les autres bénéficiaires, aucune toile, aucune aquarelle, aucun dessin n'ayant pu être désigné d'avance» selon les termes du testament. Une quarantaine de musées de province bénéficient donc de ce partage : Rouen, Marseille, Strasbourg, Caen, etc... Depuis cette date, ces œuvres n'avaient encore jamais été réunies. « Cette présentation permet d’évoquer toute la carrière de l’artiste » selon Blandine Chavanne, commissaire de l’exposition. En effet, toutes les périodes de l'artiste sont ici représentées : le fauvisme, le cubisme, ses tendances décoratives et la construction progressive de son style.

Né au Havre en 1877, Dufy ne se contente pas des cours du soir à l’école municipale des beaux-arts de sa ville natale et rejoint dès 1900, l’atelier Bonnat à Paris. Son intérêt pour le courant impressionniste faiblit après la découverte du tableau de Matisse Luxe, calme et volupté au Salon d'Automne de 1905. C’est aux côtés de Marquet qu’il s’initie au fauvisme puis il aborde le cubisme sous l’enseignement de Braque, sans pour autant adhérer à tous les principes du mouvement. L’arbre à l’Estaque de 1908 illustre cette période de transition. L’utilisation de couleurs vives, proche de l’expressionnisme allemand, devient une constante dans son œuvre. La dame en rose annonce sa tendance au décoratif qui se développe dans les années 1910 suite à sa rencontre avec le couturier Paul Poiret. L’exposition du musée d’art moderne et contemporain de Liège présentait, en septembre dernier, ses projets de tissus imprimés. Après un séjour à Vence en 1919, ses toiles diffusent une lumière différente. Le peintre de la joie accède à la notoriété, signe les décors des ballets de Paris, expose aux Beaux-arts de Bruxelles en 1934.

Dans les années 1930, le chimiste Maroger lui permet d’apprécier un nouveau médium donnant à l’huile la transparence de l’aquarelle. En 1937, l’artiste réalise l’un de ses chefs-d’œuvre : La fée électricité pour l’Exposition internationale de Paris. La Seine de Paris à la mer, œuvre monumentale récemment restaurée au musée de Lyon, illustre également cette tendance aux grands formats. Les séries occupent une place importante à la fin de sa carrière : l'atelier, Atelier à Vence avec nu (vers 1945), la musique Musiciens à la campagne (1948-49), les baigneuses, Baigneuses et barque renversée(vers 1950). L'un de ses ultimes tableaux, Cargo noir peint en 1952, clôt l'exposition et fait figure de testament pictural du dernier des fauves.


 Stéphanie Magalhaes
21.01.2002