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Dernière heure

Yves Saint Laurent, la der des ders

Certains commencent à trouver ses adieux un peu longs : Yves Saint Laurent quitte la haute couture en présentant ses plus beaux modèles depuis 1962.


Collection Automne-Hiver 2001-2002
© Yves Saint Laurent haute-couture,
Après l’opéra Bastille en 1992 (pour célébrer les 30 ans), et le stade de France en 1998, (pour la finale de la coupe du monde), c’est au tour du centre Georges Pompidou d’accueillir les créations d’Yves Saint Laurent. Ce sera le dernier : le 7 janvier dernier, le coutirier a annoncé qu'il mettait un terme à son activité. Ce «défilé rétrospective» a été préparé en grand secret. On sait que de nouveaux modèles vont être présentés, mais ce sera surtout l’occasion de revenir sur les innovations et les tendances imaginées par le styliste durant ces 40 dernières années.


Collection Automne-Hiver 2001-2002
© Yves Saint Laurent haute-couture,
La presse l'apprécie déjà lorsqu’il fait ses armes chez Christian Dior. Il y lance la ligne trapèze en 1957-58. Avec l’ouverture de sa maison avec Pierre Bergé en 1961, son succès ne fait que se confirmer. Très vite son style «chic beatnik» s’impose : caban, cols-roulés tricotés, cuissardes noires et pantalons près du corps. Son amour de l’art se fait de plus en plus évident. Pour la «Ligne Mondrian» en 1965, il imprime les célèbres motifs géométriques aux couleurs primaires sur des robes droites. Dans les années 60, il lance également la collection «Pop Art», d'après l'œuvre de son ami Andy Warhol. Au début des années 80, il surprend encore en reprenant les iris et les tournesols de Van Gogh. Si les grands peintres l’ont influencé, il trouve aussi son inspiration dans la rue. Les femmes les plus riches et celles de tous les jours adoptent un style commun, c’est une révolution ! Plus tard, il imagine des costumes en tweed aux lignes simples et des jupes plissées sophistiquées. Enfin, on n’oublie pas non plus ses nombreuses collaborations avec les arts de la scène et le cinéma. En 1967, Catherine Deneuve porte ses vêtements dans l’inoubliable Belle de jour de Luis Buñuel et devient son égérie.

Ce soir, à 19h00, devant les 1500 privilégiés venus lui dire adieu, Yves Saint Laurent sera dans son élément au musée national d'art moderne de Paris. Grand amateur d’art et mécène, il a contribué à la rénovation des salles des collections historiques. Par ailleurs, il aura été le premier couturier à faire l’objet d’une grande exposition de son vivant, en 1983 au Metropolitan Museum de New York. Les admirateurs ne figurant pas sur la liste des invités pourront se consoler : l'événement sera retransmis sur un écran géant devant le centre Pompidou. Et, après cela, quel avenir pour le couturier ? Participera-t-il à l'Opa sur Drouot ? Nous avons interrogé Pierre Bergé à ce sujet : «Pour une fois, je ne vais pas vous faire une réponse de Normand ! Nous étudions plusieurs modalités pour constituer le tour de table. Il est tout à fait possible que Yves Saint Laurent en fasse partie. Cela fera au moins une personne venant du monde de l'art…»


 Laure Desthieux
22.01.2002