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Expositions

Lüpertz, une star expressionniste chez les impressionnistes

Après un passage éclair à l'Espace Paul Ricard, Markus Lüpertz présente ses œuvres récentes à Barbizon.


Markus Lüpertz
© Françoise Monnin
Un géant, muni d'une hache, tourne autour d'une grande femme en plâtre, la scrute, puis, d'un geste sûr, assène trois coups au sein droit de la statue. Il tourne encore, saisit une scie circulaire, entaille l'une des chevilles du monument, avance, recule, regarde. Le géant, c'est le peintre expressionniste Markus Lüpertz (né en 1941). La scène se déroule dans son atelier de Düsseldorf et c'est le cinéaste Julius Werner qui en a fait un film. Beau, lyrique, romantique, ponctué d'airs d'opéras et de citations extraites des carnets de l'artiste. «Je suis comme un soldat. J'aime me battre» ; un film à l'image de celle que souhaite donner de lui cet étrange personnage, mi-gitan, mi-dandy, aimant à rappeler que l'école des beaux-arts de Düsseldorf l'avait chassé au bout de six mois lorsqu'il y étudiait. Il en est à présent le recteur.


Suzanne Tarasieve
et Markus Lüpertz
© Françoise Monnin
Crâne impeccablement rasé, boutons de manchettes en or, chaussures bicolores et redingote, de passage il y a peu à Paris, à l'occasion de la projection du film à l'Espace Ricard, le maître était souriant. Sa marchande française, Suzanne Tarasieve, toute de plumes et de strass vêtue, n'était pas peu fière de dialoguer avec l'agent allemand de Lüpertz, Michael Werner, de Cologne. Beaucoup d'autres marchands, comme Lelong ou Vidal Saint-Phalle, beaucoup de conservateurs de musée, comme Catherine Grenier et Fabrice Hergott, beaucoup d'artistes, beaucoup de collectionneurs, beaucoup de photographes, aussi, étaient présents. Et chacun de s'extasier haut et fort sur l'énergie qui se dégageait des toiles récentes accrochées pour l'occasion, hautes en couleurs acidulées et gorgées de ratures, aux allures de palissades, de barbelés, d'où émergent ici et là la représentation d'un coin de forêt noire, de cabane en rondin ou de vitrail gothique.

Et chacun de se demander, en aparté, si ces oeuvres valaient vraiment les sommes impressionnantes auxquelles elles sont vendues - 40 000 FF pour le moindre petit dessin, 10 à 20 fois plus pour les peintures. Elles les valaient parce que c'était des Lüpertz, et c'est pour ça qu'ils étaient tous là. Star système, quand tu nous tiens ! Il n'empêche qu'il est fort bon de constater que les sculpteurs qui sculptent et les peintres qui peignent en font encore partie.


 Françoise Monnin
28.01.2002