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Le Palais de Tokyo expliqué par ses architectes

Le nouveau site d’art contemporain est inauguré ce soir. Les architectes, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, nous expliquent leur démarche.


Construit pour l’Exposition internationale de 1937, ouvert en 1942 et inauguré en 1947, le bâtiment, et plus particulièrement son aile ouest, avait déjà fait l’objet de multiples projets, dont un Palais du Cinéma, finalement transféré à Bercy. Il termine en friche en 1996 avant que le tandem Jérôme Sans et Nicolas Bourriaud s’en empare pour le réaménager en centre d’art contemporain, face au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, aménagé dans l’autre aile.

Ce sont les architectes bordelais Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal qui ont remporté le concours de restructuration de l’espace avec un projet évident : «Le bâtiment est exceptionnel, il possédait déjà beaucoup de qualités». Les architectes conservent la volumétrie intérieure, sans toucher aux façades. «La première phase a consisté en la remise en état de l’édifice délabré. Il faut dire que la liste des travaux de rénovation était particulièrement longue. Les priorités sont données au renforcement de la structure, à sa stabilité au feu. Le quart du budget, déjà maigre, y est passé» explique Anne Lacaton. Au total 7500 m2 sont rénovés, soit un gros tiers de la surface existante, entre le niveau rue (deuxième étage par rapport au niveau Seine), une partie du niveau supérieur pour des bureaux et du niveau 0 pour le stockage de matériels.


Le squelette refait, il fallait aussi reprendre tous les réseaux, chauffage et électricité. Etant donné les 20 millions de francs hors taxe alloués pour les travaux, les architectes n’ont eu d’autre choix que d’établir des conditions minimales, nécessaires et suffisantes, d’habitabilité. Pour cela, ils ont étudié des solutions techniques peu onéreuses. «C’était la première fois depuis sa construction que le corps de cet édifice était dépecé à ce point» poursuit Anne Lacaton. Ainsi, à terme, les programmateurs pouvaient disposer de larges plateaux, et transformer à leur guise ces friches en un lieu d’art et de spectacle vivant.» Les espaces ne sont que très rarement cloisonnés, même la salle de spectacle, qui forme une alvéole équipée en électricité, son, lumière, et d’une régie mobile. Les architectes nous précisent que «la flexibilité était le maître-mot de l’organisation spatiale de ce nouvel équipement. Il ne s’agissait en aucun cas de figer l’espace. Il n’était pas question non plus de cultiver un look destroy. Pour des raisons de sécurité, cela aurait de toute manière été impossible. La commission technique n’aurait pas autorisé l’ouverture du lieu.» Une démarche honnête, sans tricherie.


 Rafaël Magrou
21.01.2002