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Patrimoine

Reconstruire le château des Hohenzollern ?

Berlin n'en finit pas de débattre sur l'aspect de son centre historique…

BERLIN, 20 jan (AFP) - Le débat sur la reconstruction de l'ancien château des Hohenzollern, le Stadtschloss, au coeur du quartier historique de Berlin, avec pour corollaire la destruction du Palais de la République, symbole de la RDA, pourrait se dénouer avec l'adoption d'un compromis. Une commission d'experts internationaux, composée de 17 architectes et autres historiens, vient de préconiser de rebâtir le château, endommagé par les bombardements alliés puis rasé en 1950 par les autorités est-allemandes, en y intégrant une partie du Palais de la République bâti sur ses ruines deux décennies plus tard. Rejetant l'idée d'une copie conforme du joyau baroque érigé entre 1699 et 1706 sur les plans d'Andreas Schlueter, cette commission a proposé de conserver trois des façades de l'ancien château mais de réaliser l'arrière et les espaces intérieurs dans un style résolument moderne. Côté contenu, les experts qui planchent depuis 2000 ont proposé de faire du château à la fois un musée, qui accueillerait les collections non-européennes de la Fondation de Prusse et les collections scientifiques de l'université Humboldt, une bibliothèque centrale et régionale et un espace événementiel, sur une surface de 100.000 m2. L'avis de la commission, qui a évalué la réalisation à 665 millions d'euros -dont 435 peuvent être pris en charge par des investisseurs privés, selon elle- reste toutefois consultatif. Une décision doit être prise à l'été, selon la porte-parole du ministre de du Développement de Berlin, Peter Strieder.

Or pour des raisons financières et historiques, le château ne fait toujours pas l'unanimité. L'administration berlinoise, qui détient le terrain mais dont les finances sont au plus bas, estime avoir d'autres chats à fouetter, et ce d'autant que les néo-communistes du PDS viennent de faire leur entrée au gouvernement de la capitale aux côtés des sociaux-démocrates (SPD). Quant au gouvernement fédéral, propriétaire du Palais de la République, il ne semble pas davantage prêt à mettre la main à la poche en ces temps de campagne électorale et de chômage galopant en Allemagne. Né au lendemain de la réunification, le débat autour du château, dont la reconstruction aurait le mérite de réconcilier l'Allemagne avec son passé prussien, n'a rien perdu de son acuité et continue à diviser médias, politiques, urbanistes et Berlinois. C'est qu'outre l'aspect esthétique, souligne Anna Hennet, auteur d'une thèse sur ce thème, le débat est profondément symbolique et concerne la manière dont l'Allemagne doit se comporter face à son histoire. Avec au centre de la réflexion, la nécessité de raser ou non le Palais de la République, fermé depuis 1990. Enorme bloc aux façades de verre fumé et de marbre construit à la va-vite en 1973, l'édifice tranche avec la noble artère néoclassique Unter den Linden conçue par l'architecte Karl Friedrich Schinkel au 19ème siècle. Sa laideur et son amiante jouent depuis le début en sa défaveur. Une position constamment défendue par l'ex-chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl, puis dans une moindre mesure par son successeur Gerhard Schroeder (SPD). Mais nombre de Berlinois de l'est restent attachés à ce monstre marron, lieu de vie par excellence sous la RDA, qui regroupait salle de concert et théâtre, discothèques et restaurants. Ils patientaient autrefois dans des files d'attentes interminables pour s'y amuser, fêter un anniversaire ou y rencontrer un premier amour. Beaucoup de personnalités d'ex-RDA, mais aussi de l'ouest, s'opposent à la démolition de ce symbole historique, par respect de la mémoire de "l'autre Allemagne", qui vit encore comme une atteinte à son identité l'énergie déployée par l'ouest pour effacer tout héritage de la RDA.

Par Géraldine SCHWARZ et Ouerdya AÏT-ABDELMALEK

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22.01.2002