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Marché

De l'impressionnisme avant toute chose

À Londres, les ventes Christie's se veulent européennes, modernes et surréalistes mais on en retient surtout les toiles impressionnistes…


Pierre-Auguste Renoir,
Le premier pas, 1876
Estimation : 4 / 6 millions £
Pour Christie’s, la grande semaine londonienne consacrée à l’art moderne et contemporain commence aujourd’hui avec une vente du soir où se succèderont sessions impressionniste et moderne puis surréaliste. Au programme, un nombre restreint de lots : 44 dont un certain nombre d’œuvres graphiques et de tirages en bronze pour la première et seulement 33 pour la seconde. Pourquoi ? Un épuisement des ressources du marché dans un cas et la volonté d’une vente thématique pointue dans l’autre. On se refuse pourtant à parler de petites ventes… «On entend dire que le catalogue est creux, mais cette vente d’art moderne est la plus belle que nous présentions depuis deux ou trois ans», s’exclame Thomas Seydoux avant de rappeler la valeur estimée de la vente, 30 millions £, et de souligner la présence des pièces «fraîches» sur le marché. Ainsi À l’écurie, cheval et chien, une petite huile de Degas (140 000 £) acquise par le grand-père du propriétaire actuel à la vente d’atelier de 1918 ou les Prairies de Limetz de Monet (2 millions £), resté plus de soixante ans dans une collection privée et nettoyé avant la vente.


Maurice de Vlaminck,
La Seine à Chatou, 1906
Estimation : 3 / 4 millions £
Si la session moderne réunit les œuvres d'artistes européens -Kirchner, Marc, Munch, Van Dongen, Schlemmer ou Kandinsky-, et si les œuvres les plus emblématiques du surréalisme -Les affinités électives de Magritte (500 000 £) et L’apparition de la ville de Delft de Dali (300 000 £)-, devraient atteindre des prix importants, la France impressionniste reste à l’honneur. On compte ainsi un bon nombre de paysages et de portraits aux estimations millionnaires signés Renoir (Le premier pas, 4 millions £), Manet (Mademoiselle Isabelle Lemonnier, 2 millions £) ou Cézanne (Les maisons à Valhermeil, 2,8 millions £). Selon Thomas Seydoux, la surprise pourrait plutôt venir des lots fauves. La vue de Collioure de Matisse (300 000 £) passée en vente en mai 2001 est présentée ici pour un prix situé entre l’estimation d’origine (350 000 $) et l’adjudication finale (885 000 $) dans l’espoir de ressusciter l’engouement des acheteurs. Quant à l'un des cinq Paysage à Cagnes peints par Soutine (500 000 £), il pourrait avoir autant de succès que l'exemplaire acquis en février 2001 pour 16 millions FF.

Parmi ces œuvres, trois sont proposées par un donateur catholique qui souhaite que le produit de leur vente soit reversé à la Fondation Saint François d'Assise afin de soutenir les actions charitables menées par des moines au Brésil, en Equateur ou au Tchad. Ce sontL'Estaque de Renoir (1,5 millions €), Le Golfe d'Antibes de Monet (1,8 millions €) et la Seine à Chatou de Vlaminck (3 millions £). Cette toile avait établi le record de l’artiste en 1989 à 7,2 millions $ lors de la vente new-yorkaise où Alain Delon l’avait acquise avant qu'elle ne rejoigne une autre collection privée. Si la vente tient ses promesses et atteint les 8,5 millions € de l'estimation, cette donation devrait être la plus importante après celle faite l'an passé à l'UNICEF suite à vente de la collection Gaffé d'art moderne.


 Zoé Blumenfeld
04.02.2002