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Patrimoine

Après le 11 septembre, comment rebâtir ?

Un galeriste new yorkais, Max Protetch, expose des projets d'architectes pour un «nouveau World Trade Center».

NEW YORK, 24 jan (AFP) - Dès le 21 septembre, Max Protetch a rêvé d'un nouveau World Trade Center. Ce galeriste new-yorkais a contacté des architectes du monde entier: 1 100 ont répondu, présentant des centaines de projets, austères ou délirants, exposés jusqu'au 16 février. Consultant en architecture depuis plus de vingt ans, Max Protetch s'est adressé à de grands noms de la profession ou à de jeunes espoirs qui lui ont envoyé maquettes, dessins, croquis ou montages informatiques. "Poser la question aussitôt après le drame était presque incongru : tout le monde était bouleversé", explique-t-il. "Mais je savais que dans les deux mois la ville et les propriétaires des terrains commenceraient à envisager de construire. Et j'avais très peur qu'ils ne le fassent de façon ordinaire". "Pour la première fois, à cause de la multi-diffusion de ces images d'avions attaquant des immeubles, les Américains ont compris l'importance symbolique de l'architecture. Nos adversaires ont choisi des bâtiments comme représentants de notre culture, de la prédominance financière et du pouvoir américains".

Certains, comme l'Allemand Frei Otto, ont répondu qu'il était trop tôt, que le traumatisme était encore trop frais. Mais d'autres, nombreux, ont jeté sur le papier leurs idées pour un "Nouveau World Trade Center". "Nous avons un site grandiose dans une ville grandiose et l'occasion de redonner à New York le plus haut gratte-ciel du monde", écrivent Farshid Moussavi et Alejandro Zaera-Polo, de "Foreign Office Architecture". Leur projet, baptisé "Le fagot de tours", prévoit l'édification de huit tours géantes entrelacées. Ils évacuent la question, centrale dans bien d'autres projets, du mémorial aux victimes avec une phrase provocatrice : "Ne pensons même pas à la mémoire... Pourquoi faire ?" Le mémorial est en revanche au coeur du projet du new-yorkais Eytan Kaufman, qui propose de consacrer l'espace aujourd'hui transformé en champ de décombres à un "Forum mondial", bâtiment de verre et d'acier, puis de le relier à un pont géant et futuriste, le "World Bridge", reliant au-dessus de l'Hudson Manhattan à l'Etat voisin du New Jersey. Le new-yorkais Richard Gluckman imagine des tours jumelles "conformes aux tours originelles, mais dont la surface serait transformée en écran pour répondre à la nature de la tragédie". Il préconise de recouvrir les deux buildings de "verre électro-chromatique" pouvant diffuser des images et des hologrammes sur toute leur hauteur. Les Français Jakob et McFarlane assènent : "Comment peut-on désormais envisager de parler de commerce sur ce site ?" et rêvent d'édifier à la place un immense monument, sortes de doigts géants oranges et verts s'élevant vers le ciel au-dessus des immeubles alentour.

Plusieurs autres projets adoptent la thèse des familles : cet emplacement est sacré et rien d'autre qu'un monument ne devrait y être érigé. Ce n'est pas l'avis de l'Américain Vito Acconci, qui propose deux tours asymétriques percées de trous géants. "Un bâtiment plein de trous, déjà pris pour cible, déjà déchiré, pré-explosé". Nathan McRae a imaginé deux tours creuses, hommages aux Twin Towers disparues : "Un espace en négatif à l'intérieur d'une nouvelle peau". Alors que l'on ne sait toujours pas exactement qui, à New York, aura le dernier mot sur ce qui sera construit à Ground Zero, Max Protetch espère avoir ainsi lancé le débat. "C'est une occasion à saisir pour une ville qui a de la bonne architecture mais pas de la grande architecture. C'est la possibilité de bâtir quelque chose de grand. Je pense que ce serait la meilleure façon de rendre hommage à ceux qui ont été tués". Après New York, l'exposition devrait partir pour Washington. Paris, avec le centre Pompidou, pourrait suivre.
Par Michel MOUTOT


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28.01.2002