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Expositions

Quand Bâle rime avec Bali

Trois expositions du Musée des cultures illustrent l'histoire et la vie contemporaine sur «L’île des Dieux».


Représentation d'un dieu arca,
Bali, début du 20e siècle.
Photo: Peter Horner
© Museum der Kulturen Basel
Rares sont ceux qui savent que la ville de Bâle réunit la plus importante collection d’art balinais hors d’Indonésie. Constituée depuis les années 20 par des chercheurs de tous bords, elle compte aujourd’hui près de 5 000 objets, films, photographies et enregistrements sonores. Pourtant, depuis près de vingt ans, elle ne faisait plus le devant de l’affiche, les salles d’exposition permanente ne suffisant pas à la mettre réellement en valeur. Ce n’est plus le cas aujourd’hui grâce aux trois expositions que le musée accueille pour plus de cinq mois.

«Bali, île des Dieux» met en scène l’histoire de la vie religieuse des débuts du peuplement de l’île, vers 2500 av. J.-C. jusqu’à nos jours. On assiste à l’apparition de cultes animistes qui perdurent encore dans l’art populaire sous la forme de sculptures rustiques. Puis on suit progressivement l’introduction d’éléments du tantrisme bouddhique et de l’hindouisme, au gré des échanges culturels avec les îles voisines. Tout un contexte aussi indispensable à la compréhension des spectacles masqués du Topeng, commémorations théâtrales des dynasties glorieuses, qu'à celle de la décoration des sanctuaires et des palais.


Jeunes filles en costume de
danse garni de feuilles d'or

© Museum der Kulturen Basel
Cette exposition trouve son prolongement dans le bel ensemble de textiles réunis dans «En or et en soie». Ces étoffes symboliques sont en effet destinées à des cérémonies spécifiques : les raides perada garnies de feuilles d’or servaient d’offrandes et décoraient les baldaquins lors des fêtes des temples, les cepuk ornées de rangées de flèches blanches protégeaient ceux qui les portaient des impuretés du monde, tandis que les geringsing marquaient l’appartenance au statut princier. Quant à «Bali, une vie entre deux univers», elle constitue un contrepoint à cette vision traditionnelle de l’île en réunissant des photographies en noir et blanc prises par le journaliste indonésien Rama Surya.

À l’occasion de l’exposition, les collections du musée se sont enrichies de deux pièces prestigieuses acquises auprès d’artistes. La première est un portail de temple en brique rouge et tuf gris clair, orné de deux monstres grimaçants –Bhoma et Saé- chargés d’écarter les dangers et de chasser les démons de l’espace sacré. La seconde est une tour de crémation, structure en bambou, par nature éphémère, sur laquelle siège la tortue cosmique Bedawag Nala. Deux œuvres spectaculaires et symboliques de l’entrée dans un autre monde…


 Zoé Blumenfeld
13.02.2002