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Marché

Une princesse dans la Révolution

Acheté par Jayne Wrightsman le 24 janvier dernier, le portrait de Catherine Worlée par Gérard rejoindra bientôt celui de son époux sur les cimaises du Metropolitan Museum.


Baron Gérard, Portrait de
Catherine-Noêlle Worlée,
princesse de Talleyrand-
Périgord
, huile sur toile,
225 x 165 cm
Le 24 janvier dernier, lors de la vente « La Révolution dans l’art », le monumental Portrait de Catherine-Noëlle Worlée peint par le Baron Gérard en 1805, estimé entre 1,4 et 1,8 millions $, atteignait 1,875 millions $, un nouveau record pour l’un des plus célèbres portraitistes du Premier Empire. Catherine-Noëlle Worlée est devenue célèbre pour sa vie sentimentale dissolue, marquée par les aléas de la politique. Née aux Indes en 1762, fille d’une petit fonctionnaire français, elle se marie à l’âge de 16 ans. Séparée de son premier époux, elle s’installe en 1783 à Paris où elle se fait remarquer pour ses nombreuses aventures avec des hommes mariés. Quelques années plus tard, elle fuit la France pour Londres. Revenue après la chute de Robespierre, elle est très vite emprisonnée pour espionnage. Mais son ascension sociale est couronnée en 1802 par son mariage avec son libérateur, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, ex-évêque d’Autun devenu ministre des relations extérieures de Napoléon, l’un des hommes les plus puissants de son temps.

Comme le Portrait en pied de Mme Tallien peint en 1804 par Gérard et préempté le 16 avril dernier par le musée Carnavalet (étude Bailleul-Nentas, 5,8 millions FF), cette peinture rejoindra un musée, le Metropolitan Museum. Elle a été acquise par Jayne Wrightsman, ancienne conservatrice au département des peintures européennes, qui n’en n’est pas à sa première donation. Jayne et Charles Wrightsman ont en effet participé à l’acquisition d’une cinquantaine d’œuvres dont Une étude de jeune femme de Vermeer, un Portrait de femme de Rubens, une Vierge à l’enfant de Gerard David, le Portrait de Lavoisier et de son épouse de David, Deux jeunes paysannes de Pissaro, Dans l’atelier de Stevens ou le Thé de Tissot…Comme nous l’a expliqué Gary Tinterow, conservateur des peintures du 19e siècle au Metropolitan Museum, cette acquisition est en partie liée à sa volonté de créer un ensemble cohérent. «En 1994, Jayne Wrightsman nous avait offert le portrait du mari de Catherine Worlée, «Le prince de Talleyrand-Périgord» par Prud’hon (1817). Elle a pensé qu'il serait intéressant de réunir les effigies des époux peints par les deux grands portraitistes du Premier Empire». Un ensemble encore complété par un portrait de Catherine Worlée par Elisabeth Vigée-Lebrun de 1783. Après avoir subi un «léger lifting», des repeints tardifs devant être supprimés, la toile rejoindra donc les cimaises du musée new-yorkais.


 Zoé Blumenfeld
31.01.2002