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Trois petits Rubens…

Le musée Wallraf-Richartz de Cologne annonce la découverte de trois fusains dessinés par l'artiste hollandais lors de son séjour romain.


Peter Paul Rubens, Le Laocoon, étude
des figures du centre et du milieu
,
fusain, 48 x 37,5 cm
© Wallraf-Richartz Museum
«En février 2000, nous avons fait un inventaire des collections à l’occasion de leur transfert, depuis les anciens bâtiments du Dom vers le nouveau musée construit par Oswald Mathias Ungers. C’est alors que nous avons découvert une collection d’une quarantaine d’œuvres graphiques qui n’avaient pas été décrites jusqu’alors. Ce qui n’a rien d’exceptionnel dans la mesure où nous possédons plus de 75 000 dessins et estampes.». L’histoire que nous raconte calmement Olaf Mextorf du musée Wallraf-Richartz de Cologne pourrait s’arrêter là. Le domaine du dessin ancien fait en effet partie de ceux pour lesquels les découvertes sont les plus fréquentes. Mais parmi les œuvres, trois fusains représentant des antiques, le Laocoon et des Centaures, attirent le regard des historiens qui les soumettent à Uwe Westfehling, la conservatrice responsable de la collection graphique.


Peter Paul Rubens,
Centaure, vue du côté droit
,
fusain, 48 x 37,5 cm
© Wallraf-Richartz Museum
Mercredi dernier, à l’occasion de la publication du «Livre annuel du Wallraf-Richartz», le musée a annoncé le résultat de ses recherches, menées en collaboration avec la bibliothèque Ambrosienne de Milan et le cabinet des dessins de Dresde : les trois fusains seraient de la main de Peter Paul Rubens (1577-1640). Les critères sur lesquels repose cette attribution tiennent tant à l’analyse du style qu’à celle du support. Le format des feuilles en papier filigrané (48 x 37 cm) correspond à celui utilisé par l’artiste lors de son séjour italien. Deux d’entre elles portent la même marque - un pèlerin portant un chapeau et un bâton - qui permet d’attester la fabrication du papier dans les ateliers de Fabriano en Ombrie, en 1598. Une marque qui en outre figure sur des études du maître néerlandais appartenant aux collections du Louvre et du Rubenshuis d’Anvers. De quoi conclure, pour Uwe Westfehling, que ces œuvres ont été réalisées par Rubens lors de son séjour romain, entre 1600 et 1608. Si tel était le cas, les deux Centaures seraient d’autant plus intéressants qu’ils sont, avec une étude conservée au Musée Pouchkine de Moscou, les seuls exemplaires connus consacrés par l’artiste à ce sujet.

Comment les œuvres se sont retrouvées dans les réserves du musée ? Uwe Westfehling pense qu’elles ont intégré les collections au début de l’histoire du musée Wallraf-Richartz. Elles ont pu être apportées par l’un des principaux collectionneurs de Cologne, qui a donné son nom à l’établissement, le professeur Ferdinand Franz Wallraf (1748-1824) ou par l’un des premiers conservateurs de l’établissement à la fin du siècle dernier, Franz Denoël et Ramboux. En attendant la confirmation de l’attribution lors d’un colloque d’experts en préparation, les trois dessins seront visibles dès le 14 mars prochain dans le cadre de l’exposition «Visions graphiques».


 Zoé Blumenfeld
01.02.2002