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Politique culturelle

L’Expo 2004 en sursis ?

La manifestation internationale programmée en Seine-Saint-Denis pourrait être redimensionnée pour des raisons budgétaires. Catherine Trautmann, sa commissaire générale, rencontrait hier les services du premier ministre.


Expo 2004
La France a-t-elle perdu le goût des expositions internationales ? Le pays qui a donné, avec la Grande-Bretagne ses lettres de noblesse au concept n’en a pas organisé depuis 1937. Cette dernière avait été marquée par la spectaculaire rivalité entre les pavillons allemand et soviétique, à l’aube de la guerre. Doit-on chercher là l’origine du traumatisme ? Paris avait accueilli des dizaines de millions de visiteurs en 1855, 1867, 1878, 1889, 1900, 1925, 1931 et 1937. Le rendez-vous de 1989, qui aurait dû marquer la reprise d’une tradition, avait été annulé à l’époque par… Jacques Chirac. L’Expo 2004, que le Bureau International des Expositions a attribuée à la France, a pour thème fédérateur l’image, abordée sous trois angles : la communication, le jeu, le savoir. Elle doit se tenir en Seine-Saint-Denis, en bordure du parc de la Courneuve, sur un espace de 25 hectares dont l’aménagement est placé sous la direction de l’architecte Bernard Tschumi. A côté de 180 pavillons ou modules nationaux de 333 mètres carrés, se trouveront plusieurs pavillons thématiques (dont deux de 6000 mètres carrés), une Grande Scène et une Agora, pouvant accueillir respectivement 40000 et 10000 spectateurs.


Expo 2004, l'Agora
Haro sur les déficits…
Son budget global est de 395 millions d’euros, dont 100 millions correspondent à des équipements définitifs (réaménagement de l’autoroute A1 et de la gare du Bourget, construction d’une cité de l’image, etc). Plus de huit millions de visiteurs sont attendus sur une période de 93 jours, de mai à août. Moins coûteuse que celle de Hanovre, qui avait été un gouffre financier, l’Expo 2004 peut être comparée, par ses dimensions, à celle de Lisbonne en 1998. L’équilibre budgétaire - l’une des inquiétudes légitimes des bailleurs de fonds, dont l’Etat - est d’ailleurs énoncé comme un principe de base pour ce qui est des dépenses non pérennes : la billetterie devrait assurer 60 % des recettes et le sponsoring 20 %. En dépit de récentes rumeurs, on voit mal comment le gouvernement pourrait annuler une manifestation dont le budget ne dépasse pas celui de la rénovation du Grand Palais. D’autant plus que la France n’a emporté la mise, en novembre 2001, qu’à la suite du retrait inopiné des Philippines. Suite du feuilleton aujourd’hui : Catherine Trautmann fait un état des lieux lors de l’assemblée générale du Bureau International des Expositions.


 Rafael Pic
02.07.2002