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Expositions

Pieter Boel,Echassiers, peinture
© N. Matheus, Musée de la chasse et de la nature


Pieter Boel, peindre d’après nature au 17e siècle

Avec l’intégralité de ses huiles et de très nombreux dessins, le Louvre révèle un maître de la « nature vivante ».

Pieter Boel (1622-1674), un artiste méconnu ? Comme l’explique Elisabeth Foucart-Walter, l’une des commissaire de l’exposition, l’histoire de l’art compte tant d’artistes qu’ils sont nombreux à passer à la trappe de l’Histoire. A fortiori s’ils ont passé une partie de leur carrière à œuvrer dans l’ombre. L’anversois Pieter Boel fait injustement partie de ceux-ci. Après avoir travaillé auprès de Jan Fyt et séjourné en Italie, il rejoint les artistes flamands qui travaillent sous la direction de Charles Le Brun sur des projets de tapisseries. Or, les œuvres qui sortent de la manufacture des Gobelins sont toutes estampillées du grand nom, négation du travail de tous ceux qui se spécialisent dans la peinture de fleurs, d’animaux ou d’instruments de musique... Personne ne se rappelle donc de celui qui entre 1668 et 1774 peint en grandeur nature des animaux si vifs, qu’au premier plan des pièces de la Tenture des Maisons royales, ils semblent plus proches des spectateurs que de l’univers qui se déploie derrière eux.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’ils semblent vivants. Alors que Pisanello dessinait superbement des bêtes mortes, aux pattes désespérément raides et que la plupart des peintres du 17e siècle tournent autour d’animaux naturalisés dans des poses stéréotypées, Pieter Boel dessine sur le vif. Il se promène dans la Ménagerie de Versailles et y croque avec fidélité, liberté et cocasserie de multiples vues d’animaux familiers, exotiques ou féroces. En résultent des dessins à la pierre noire et au pastel sur des papiers gris-beige et des huiles peintes sur des fonds bruns-rouges uniformes, simple matériel de travail destiné aux compositions monumentales. Car c’est bien là un autre sujet d’étonnement. Les hérons, caméléons, chauves-souris, sangliers et dromadaires qui s’animent sous nos yeux ne sont pas des œuvres à part entière mais des répertoires pour les artistes des ateliers des Gobelins. Et si on a longtemps perdu la trace de Boel au gré des transferts, des inventaires et des attributions, ses œuvres n’ont jamais cessé d’inspirer des artistes qui comme François Desportes peut être pris en flagrant délit de copie de ses motifs...


 Zoé Blumenfeld
14.09.2001