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France 5 fait entrer les mythes au logis

D’Athéna à Hermès en passant par Héphaïstos, France 5 se lance dans l'analyse iconographique des dieux grecs. En route pour l'Olympe...


Le Chaos © AKG
Quel nom porte la déesse de la sagesse, tout droit sortie du crâne fendu de Zeus ? Comment Gaia, la Terre, s’est-elle dotée d’une descendance ? Comment Zeus mit-il fin à la tyrannie des Titans ? Ce sont toutes ces questions, et bien d’autres, auxquelles Mythologie, diffusée sur France 5 tous les dimanches jusqu’au 10 mars prochain, se propose de répondre, à travers une série d’épisodes consacrés aux dieux grecs. Ici, point d’érudition ostentatoire ou de vulgarisation simpliste : les commentaires, aux bons soins du journaliste François Busnel, s’appuient sur le savoir de Jean-Pierre Vernant et Marcel Destienne, spécialistes de la Grèce antique.


Orphée © AKG
À la qualité du commentaire, dit avec justesse et sobriété, s’ajoute la musique du générique, dépouillée et inquiétante. Il ne reste plus alors qu’à se laisser guider par la caméra, fil d’Ariane qui nous aide à circuler dans un labyrinthe de tableaux choisis pour illustrer chaque thème. L’iconographie bénéficie de l'apport de l'informatique. Grâce à l’ordinateur, des mosaïques virtuelles ont été composées, faites de tableaux filmés en plan-séquences, juxtaposés et reproduits en haute définition. De l’Antiquité à l’art moderne, c’est toute l’histoire de l’art qui est ici convoquée. Ainsi Pandore apparaît sous les pinceaux de Burne-Jones, Goya surprend Cronos en train de dévorer ses enfants et des vases grecs à fond rouge illustrent les hauts faits d’Hermès.

Sans s'enfermer dans un discours philosophique ou psychanalytique, François Busnel nous rappelle que les mythes ont construit la modernité, que leur richesse et leur complexité renvoient sans cesse aux interprétations qu’ont pu en donner Freud, Dostoïevski ou Joyce. Loin des clichés, chaque épisode de la série tend à nous montrer que les dieux, maîtres du sort des mortels, sont souvent les premières victimes des pièges qu’ils tendent, comme ce fut le cas pour Prométhée. Veules ou sublimes, souvent enfantins, ils ont des passions qui ressemblent aux nôtres. Les problèmes auxquels ils sont confrontés, d’ordre politique, familial ou personnel, sont proches des questions qui hantent notre quotidien.


Héra © AKG
Dans sa volonté de « rompre avec une vision manichéenne des mythes », François Busnel rend compte de la nature des dieux : ambigues, imprevisibles, parfois contradictoires, les divinités nous disent davantage que l’interprétation dans laquelle nous voulons les maintenir. Ainsi, Dionysos n’est pas seulement le dieu du chaos et de l’ivresse, il libère, par sa folie, un monde rationnel. Apollon, dieu de la beauté, se montre capable des pires carnages. Même l’humanisme incarné par Prométhée n'est pas épargné : trop sur de lui, il paie son arrogance en succombant au piège des apparences dans lequel il voulait précipiter Zeus. Mythologie nous montre les mythes tels qu’ils sont, étranges et familiers à la fois.


 Stéphanie Magalhaes
16.02.2002