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Marché

Bernard Rancillac, Malcom X
Adjugé 43 908 €, un nouveau record pour l'artiste
© ADAGP


L'art pop européen trouve son marché

La vente des études Poulain Le Fur et Robin-Fattori fait sortir la Figuration narrative de son cercle d'initiés.

Les études Poulain Le Fur et Robin-Fattori organisaient lundi une vente consacrée à la Figuration narrative. L’objectif revendiqué par les experts était de faire reconnaître le mouvement pop européen sur le marché et de combler le fossé qui le sépare de son équivalent américain. En profitant de l’engouement suscité par les récentes expositions et de la qualité de la collection de Jean-Marc Decrop, cadre international installé en Asie, devenu expert en art contemporain chinois. À cet égard, cet objectif semble atteint : la vente a été un évènement qui signe la reconnaissance de ce courant. Plus de 400 personnes y ont assisté et des personnalités telles que Jean-Jacques Aillagon, le président du Centre Georges Pompidou, avaient fait le déplacement à l’exposition publique. «En replaçant ces œuvres dans le contexte pop, nous avons attiré près de 80% de nouveaux collectionneurs. Nous voulions sortir la Figuration narrative de son cercle d’initiés et nous avons réussi notre coup. C’est d’autant mieux que les artistes sont toujours vivants et que depuis 40 ans leur cote souffrait de cette ghettoïsation», explique Didier Viltart.

Mais ce succès d’estime ne suffirait pas si la vente n’avait pas réalisé de bons résultats. Or, si 57% des œuvres ont été vendues, la vente a rapporté 927 000 € et la plupart des lots phares ont réalisé de belles enchères. De nouveaux records ont été établis pour quatre artistes : Gérard Fromanger avec le Prince de Hombourg mettant en image l’entrée en scène de Gérard Philipe (70 400 €), Bernard Rancillac avec l’icône de Malcom X (43 900 €), Jacques Monory avec le Palace de la série des « Meurtres » (52 500 €) et Alain Jacquet avec Le déjeuner sur l’herbe (40 400 €). «Nous avons contribué à remettre les pendules à l’heure. Avant la vente, j’étais persuadé que ces artistes étaient sous-cotés d’1/3 par rapport à la sur-cotation des artistes américains. Je suis donc content de constater ces adjudications de deux à trois fois supérieures aux estimations basses. L’un des exemples de cet état de fait, c’est la « miniature » de Klasen qui a été acquise pour 20 800 €, soit près de quatre fois son estimation basse mais dont le prix reste encore bien en deçà des petites huiles de Wesselman auxquelles on les compare et qui atteignent jusqu’à 150 000 €.»

Parmi les lots invendus importants figurent deux œuvres de Valerio Adami, Interno con travestito sulla poltrona et Progressi di una carriera, respectivement estimées à 91 000 € et 37 000 €. Il faut sans doute y voir les limites du marché français dont parle l’expert. «Lundi, nous avons sans doute atteint le maximum de ce que peut fournir Paris. Il faut considérer la vente comme une amorce et passer de ce micro-marché français à une échelle européenne. Si tant est qu’on puisse parler d’une école de la Figuration narrative, elle est en effet européenne. Adami est italien, Klasen et Voss sont allemands. Quant à Segui, il est argentin mais il intéresse le marché espagnol. Il va donc falloir attirer les collectionneurs de tous ces pays». Une affaire à suivre…


 Zoé Blumenfeld
08.02.2002