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Expositions

L'art actuel sur un matelas

Rebaptisé «Jeune Création», l'ancien salon «Jeune Peinture» prend toujours le pouls de l'imagination des moins de 35 ans.


Installation d'Artus
© Françoise Monnin
S'il est aujourd'hui, en France, un salon géré par des artistes à ne pas manquer, c'est bien «Jeune Création». Chaque année, les 150 exposants - sélectionnés parmi 1500 dossiers reçus - investissent chacun un stand et présentent ce dont ils sont capables. Si beaucoup d'entre eux sont marqués au fer rouge par l'enseignement reçu à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts - les élèves d'Annette Messager sont notamment très identifiables -, quelques personnalités se dégagent et, une ambiance générale permet de définir l'air du temps.


Installation de Boelle
© Françoise Monnin
Cette année, les moulages et autres empreintes du corps, comme les matières organiques, si présentes depuis quatre à cinq ans, ont laissé la place à beaucoup de déchets recyclés et de moniteurs vidéo. La caméra a en effet pris la place du cahier de croquis dans les musettes des créateurs en herbe. Une installation de Doerflinger, précisément baptisée Cahiers de croquis, le démontre. En ce qui concerne la mise en scène des poubelles et des sacs en plastique, souvent pleins, mais toujours de matières imputrescibles, les installations de Morié et de Y-Straummann sont particulièrement éloquentes. La photographie est également très présente, utilisée pour souligner la banalité de certains lieux ou pour ausculter l'intimité du corps. Les gros plans de sexes féminins sont légion (Stanikas, Friedli, etc.).

Un esprit domine : celui de femmes s'attaquant à tous les archétypes de la ménagère de moins de cinquante ans, avec une forme de féminisme caractéristique, mâtinée de sorcellerie. Ainsi, Kim a-t-elle soigneusement brodé sur des tabliers de cuisine un mode d'emploi pour assassiner l'homme avec lequel on vit. Pour sa part, Doerflinger (décidément talentueuse), a filmé le passage d'un cerveau dans un hachoir à viande. La bande son de ce documentaire fait entendre une voix de jeune homme complimentant à l'infini. «Tu es belle, tu es talentueuse, tu es mince, tu est intelligente...» Autre accessoire fétiche de ce salon 2002 : le matelas. Ici et là, plus ou moins propre, cette collection de machines à rêver est mise en scène pour évoquer une pureté poétique ou un quotidien fatigué. L'an 2002 est donc horizontal.


 Françoise Monnin
12.02.2002