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Patrimoine

Les tombes royales de Kaboul remises à neuf

En attendant le retour d'exil du roi Zaher Shah, les Afghans réhabilitent le gigantesque ensemble funéraire qui domine la capitale.

KABOUL, 12 fév (AFP) - L'imposant mausolée royal, sur la colline de Maranjan surplombant Kaboul, qui fut aussi un avant-poste d'un chef de guerre pendant la guerre civile de 1992 à 1996, est en cours de réhabilitation, tandis que la capitale afghane attend le retour du roi parti en exil il y a près de 30 ans. Des ouvriers ont nettoyé les décombres et gravats accumulés sur le sol du gigantesque ensemble par des années de combat. Les tombes des familiers et proches, érigées sur cette colline qui offre l'un des plus beaux points de vue sur Kaboul sont en cours de rénovation. Le vieux roi Mohammed Zaher Shah, 87 ans, est attendu à Kaboul le mois prochain à l'occasion de la célébration du Nouvel an afghan, qui a lieu le 21 mars. Selon le directeur des monuments auprès du gouvernement, Mohammad Qadir Qaderdan, un marbre spécial a déjà été commandé pour la reconstruction de la tombe du père de Zaher Shah, Nadir Khan, décédé en 1933 et enterré dans le mausolée.

"Nous avons des plans pour une reconstruction complète du monument", a déclaré M. Qaderdan à l'AFP, ajoutant que son département travaillait sur ce projet d'une durée de deux ans en liaison avec des proches du roi. "Nous avons eu des discussions et nous travaillons en étroite collaboration" avec eux, a-t-il ajouté. Zaher Shah, qui avait dirigé le pays pendant quarante ans, vit à Rome depuis son renversement en 1973. Déclaré apte au voyage par son médecin personnel, il souhaite célébrer dans son pays l'avènement de l'an 1381 du calendrier afghan. La réparation des sépultures des princes, généraux et amis de la famille royale, dépendra des fonds disponibles, a ajouté M. Qaderdan, qui refuse cependant de se livrer à une évaluation chiffrée. "Nous nettoyons la zone et prévoyons de repeindre le monument avant l'arrivée du roi", dit-il. Le mausolée au dôme bleu a souffert des combats, tout comme la coupole qui surmonte la tombe de l'arrière grand-père de Nadir Khan, le Sultan Mohammad. Située dans le sud de Kaboul, Maranjan était durant la guerre civile la base du chef de guerre Abdul Rashid Dostam, actuel vice-ministre de la Défense, d'où il pilonnait ses rivaux dans la capitale. Lors de la prise de Kaboul par les talibans, en 1996, ils postèrent des combattants qui furent la cible des combattants moujahidine, ce qui a encore plus endommagé le site. Depuis la déroute en novembre des miliciens fondamentalistes, la colline et son paysage reprennent leur vocation de lieu de promenade et de pique-nique.

Le sort risque d'être moins clément pour la propriété de Zaher Shah, la ferme de Karezimir, à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale. Les vergers royaux regorgeaient autrefois d'arbres fruitiers et de vignes, ainsi que de pépinières à fleurs. Ils étaient un but de promenade pour les kaboulis. "Nous venions ici quand nous étions adolescents" se souvient Said Lala Mir, 50 ans, rencontré devant les restes d'une étable effondrée à la suite d'un bombardement. "On voyait le roi marcher dans les champs. C'était un grand roi, je suis content de le voir revenir", dit-il, exprimant une nostalgie constatée un peu partout à Kaboul. A part un spécialiste en agriculture venu il y a quelques semaines évaluer l'état des vergers, truffés de mines, personne ne semble se soucier de réhabiliter la ferme royale. La propriété est utilisée comme campement de combattants chargés de la sécurité des villages avoisinants. La maison de Zaher Shah dans cet ensemble pittoresque, est habitée par des soldats dont aucun ne semble vouloir oeuvrer aux préparatifs du retour du roi. Mir et son ami, Mohammad Amar, également 50 ans, pensent que ce n'est pas plus mal. "Il a vécu à Rome pendant tant d'années qu'il n'a aucune idée de ce que cela a été pour ceux qui sont restés. Qu'il voie sa ferme comme elle est maintenant. Il aura une idée de ce que nous avons enduré"...

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Par Bryan PEARSON

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  AFP
13.02.2002