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Expositions

Parfum d'Orient aux Champs-Elysées

La collection privée d'un expert d'art islamique, Roger Galliano, est présentée pour un mois à l'hôtel du Rond-Point.


Manuscrit safavide,
Chiraz, Perse, milieu du 16e s.
L’Hôtel du Rond-Point accueille pour un mois 250 pièces provenant d’une collection particulière, celle de Roger Galliano. En quarante ans, cet expert spécialisé dans les arts de l’Orient a réuni dans son château niçois un ensemble d’œuvres qui couvrent une vaste aire géographique et historique. On débute en effet avec des témoignages préhistoriques, silex du Fayoum taillé au cours du second millénaire avant notre ère ou bronzes du Luristan, dont les formes parfois équines rappellent le caractère nomade de la civilisation iranienne qui connut son apogée au 7e siècle av. J.C.. On termine avec des objets ethnologiques illustrant les coutumes du 19e siècle : parures d’or et d’argent turkmènes et afghanes. Et comme il faut bien trouver une organisation pour des artefacts aussi variés, les objets ont été réunis par techniques : pierres et bronzes anciens, miniatures, objets utilitaires, bijoux et armes. Un mode de présentation qui incite à des rapprochements entre des objets de cultures et d’époques différentes… d’autant plus que la présentation, pour le moins minimaliste, fait l’impasse sur les cartels, au profit d’un livret de visite auxquels renvoient les numéros des œuvres.


Paire de poignards d'apparat,
Maroc, 1900
Heureusement, la qualité de certains ensembles incite à la concentration. C’est le cas d’une quarantaine de planches enluminées aux couleurs vives, issues d’un manuscrit safavide qui retrace l’histoire d’un royaume légendaire et de ses personnages mythiques, dans la plus pure tradition persane. C’est également le cas du clou de l’exposition, un ensemble de 70 armes à feu, dagues, poignards, sabres, masses d’armes, casques et rondaches… Parmi les plus exceptionnelles figurent un grand yatagan ottoman rehaussé de cabochons de corail dont la lame est incrustée d’or et gravée de versets du Coran ou un pistolet caucasien à silex platine, entièrement niellé. Une place d'honneur revenant aux poignards avec une djembiya persane dont la poignée en cristal de roche est taillée en forme de tête de cheval ou une paire de poignards à lame droite et courbe portant un décor tapissant incrusté de plaques d’ambre clair et de cabochons de couleur sur lambrequins d’argent… Autant d’armes d’un luxe inouï dont le film projeté à la fin de l’exposition rappelle qu’elles n’étaient pas toujours de simples objets d’apparat à l’image de ce poignard kandjar se terminant par cinq pointes, pour mieux fouiller la cote de maille des ennemis.


 Zoé Blumenfeld
18.02.2002