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Expositions

Leçon de dynamisme ?

Le Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg accueille six expositions temporaires. Repérage des lieux…


Antonio Saura, Crucifixion, 1963
encre de chine sur papier ,
50,2 x 70 cm, collection particulière
© Musée d'art moderne et
contemporain de Strasbourg
Si le dynamisme de la scène artistique strasbourgeoise avait encore à être démontré, le bouquet d’expositions inauguré par le musée d’Art moderne et contemporain, suffirait sans doute à convaincre les plus réticents. Emmanuel Guigon, le nouveau directeur du musée, anciennement conservateur en chef de l'Instituto valenciano d'arte moderno (Ivam), s’explique sur cette politique : «Ces six expositions illustrent le dynamisme de notre établissement. Elles montrent que le musée est actif, qu’il prête et reçoit beaucoup d’œuvres, et qu’il couvre un domaine large qui va de la modernité à l’art contemporain. Pour les visiteurs, c’est également l’occasion de découvrir des artistes ou des œuvres qu’ils ne connaissaient pas encore».


Aurélie Nemours, N+H 914, 1992
huile sur toile, 100 x 100cm
© Musée d'art moderne et
contemporain de Strasbourg
Ce programme de printemps est marqué par l’importance de l’art «historique» auxquelles sont consacrées les trois principales expositions. «Réalités et métamorphoses», créée par l’Art Museum de Portland dans le cadre des échanges du FRAME (le French Regional and Americain Museums Exchanges), ouvre le bal. Soixante photographies signées Weston, Cunningham, White et Walker illustrent la grande tradition de l’Ouest américain, marquée par le désir de livrer le sujet dans sa réalité la plus pure. Les deux autres sont des rétrospectives thématiques consacrées à des grands noms de l’art du 20e siècle. «Les crucifixions d’Antonio Saura» retracent quarante années de fascination du peintre espagnol pour la structure associée à ce thème biblique. Quant à «Aurélie Nemours», elle réunit un ensemble d’œuvres en noir et blanc ou en couleurs, en prévision de la donation que l’artiste conceptuelle doit faire aux musées de la ville de Strasbourg.


Pablo Picasso, Réflexion du
vieux peintre sur son œuvre
,
6 avril 1967, pointe sèche
35 x 30 cm © Musée d'art
moderne et contemporain
de Strasbourg
Deux petites expositions viennent compléter le versant moderne de cette programmation. L’une est consacrée aux «Soixante de Picasso». Cette célèbre série de gravures de 1966, offerte en dation par Jacqueline Picasso et mise en dépôt à Strasbourg par le musée Picasso est présentée pour la première fois au musée. On y retrouve les thèmes chers à l’artiste en cette période où il semble vouloir exorciser les angoisses et les doutes liés au passage du temps et à l’avancée de l’âge. La seconde réunit une petite série de gravures de «Pierre Alechinsky» en hommage à un collectionneur particulier qui a déjà enrichi les collections d’une œuvre d’Anders Jorn.

En ce qui concerne l’art contemporain, la saison est marquée par l’inauguration de la Project Room, un espace expérimental de 110 m2 destiné à accueillir des artistes bénéficiant d’une carte blanche. Avant l’intervention de Claude Levêque et Albert Oehlen, il est baptisé par Guillaume Paris et ses Mixed blessings. Il s'agit de huit dispositifs déroutants et évolutifs comme une sphère constituée de boules de naphtaline, qui se sublime dans le temps et s’avère toxique, ou une pluie de lait en poudre qui s’accumule au sol et évoque l’univers enfantin des boules à neige…


 Zoé Blumenfeld
22.03.2002