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Expositions

Coskun, Couples, 2001
Photo: Françoise Monnin
© ADAGP

Coskun le magnifique

La rétrospective du musée des beaux-arts de Troyes, consacrée au sculpteur turc, se termine. Que va devenir la sculpture monumentale qu'il a réalisée sur place ?

Trois anges monumentaux et filiformes, les yeux baissés, accueillent les visiteurs. A quelques mètres, deux couples colossaux dialoguent. Il y a aussi un invraisemblable jeu d'échecs de très grand format, dont chacune des pièces a été taillée dans une traverse de chemin de fer. Et bien d'autres êtres encore, comme la série polychrome des Indiens ou les deux Gargouilles, pendues par les pieds à des gibets. Les soixante sept sculptures en bois, réunies au musée des beaux-arts de Troyes par la clairvoyante conservatrice Béatrice Tabah, jalonnent vingt ans de travail du sculpteur Coskun. Chacune des pièces, dégagée du bois à coups de tronçonneuse et entaillée à la scie électrique, n'en évoque pas moins un corps humain, expressionniste dans le détail et sobre dans la structure. Chacun de ces étranges gardiens est à la fois intimidant et tendre. Dans la cour du musée, six très grands formats sont également présentés. A l'origine, ils étaient disposés devant la cathédrale de la ville. Mais l'aggressivité d'une poignée de voyous a obligé le rapatriement des œuvres dans un lieu plus protégé.

Au centre de la cour, sous une tente qui sera démontée dans les jours prochains, la surprise est de taille : une grume de châtaignier (sept tonnes, quatre mètres de haut) a été installée là pour que le sculpteur la transforme, durant les quatre mois qu'a duré l'exposition. C'est fait. Le tronc d'arbre est devenu tronc d'homme, puissant, tendu, charnel. Son dos est creux. Sa colonne vertébrale possède une silhouette d'arbre et un corps de femme est apparu à ces côtés. Un animal, aussi. Du dos d'Adam, Eve s'apprête à surgir mais ne se presse pas, tant elle semble se satisfaire de son abri. Les affaires culturelles de la ville de Troyes hésitent. Une telle pièce pourrait-elle être installée, et appréciée sur l'une des places de la ville actuellement en cours de réaménagement ? Des décisions doivent être prises durant les prochains jours. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit là, à ce jour, du chef-d'œuvre de Coskun.


 Françoise Monnin
16.02.2002