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Politique culturelle



Michel Duffour : « Il faut expérimenter ! »

Le secrétaire d'Etat au patrimoine signe aujourd'hui un protocole de décentralisation culturelle avec la région Aquitaine. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, il fait le point sur ce nouveau type d'accord entre l'Etat et les collectivités territoriales.

Où en est la décentralisation culturelle ?
Michel Duffour.
Dans les trente dernières années, la décentralisation a surtout été le fait d’hommes de théâtre, qui partaient s’installer en banlieue ou en province. Puis sont venues les grandes lois de 1983 portant sur la lecture publique et les archives. Depuis, il n’y a rien eu en matière législative. Dès que j’ai été nommé aux côtés de Catherine Tasca, en mars 2000, le premier ministre a souhaité qu'une nouvelle étape de la décentralisation soit franchie. J'ai ainsi pris l'initiative de lancer des expérimentations en matière de décentralisation culturelle, en proposant à des départements et des régions de devenir "sites-pilotes" dans les domaines du patrimoine et des enseignements artistiques.

Comment se matérialisent ces expérimentations ?
Michel Duffour.
Nous avons signé des protocoles de décentralisation avec le département de la Lozère et avec la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Suivront l’Aquitaine, la Seine-Saint-Denis, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, l’Isère. S’agissant d’expérimentations, chaque cas est forcément différent. Avec la Lozère, nous avons mis l’accent sur le patrimoine ancien – renforcement de la politique d’inventaire, mise en valeur des fouilles archéologiques de Javols - , avec la Seine-Saint-Denis, il s’agira du patrimoine industriel. En termes financiers, 15 millions de francs ont été inscrits au projet de loi de finances 2001, qui s’ajoutent aux montants déjà abondés de l’Etat, ce qui représente entre 2 et 3 millions de francs par protocole. Attention : il ne s’agit pas de transfert de compétences – qui sont du ressort législatif et qui impliqueraient un transfert de moyens. Au cours de mon tour de France, initié il y a 18 mois, je me suis d’ailleurs rendu compte que les élus locaux n’en sont pas demandeurs. Cela entraînerait pour les collectivités des dépenses accrues et obligerait à revoir le statut et la mobilité de la fonction publique territoriale.

Vous signez un nouveau protocole avec l’Aquitaine
Michel Duffour.
Comme les autres, il vise à clarifier les rapports entre l’Etat et les collectivités locales et à associer les élus aux décisions. Il s’agit dans ce cas précis de conforter la mise en place de la Banque Numérique du Savoir d’Aquitaine, qui rassemblera des données sur le patrimoine régional sous forme numérique. Le protocole s’attache à trois secteurs particuliers : la vallée de la Vézère, le domaine de Malagar, qui appartenait à Mauriac, et le Pays basque. Ses objectifs immédiats sont de contribuer à la formation des équipes techniques et de veiller à la cohérence de l'action publique dans le domaine concerné. Mais, derrière, c'est de développement culturel dont il s'agit, en permettant au plus grand nombre de découvrir ou de mieux connaître la richesse patrimoniale de cette région.


 Rafael Pic
14.09.2001