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Musées

Détail de la première salle du musée. Les fragments de colonnes du jardin de la Maison au grand péristyle ont été remontés.


Les mosaïques et la peinture murale de la Maison au grand péristyle remis en situation.


Déesse tutélaire d'Aregenua


Quand Vieux était romaine…

Vieux-la-Romaine, une petite commune du Calvados, à 10 kilomètres au sud de Caen, fait honneur à son nom en inaugurant aujourd'hui son musée archéologique.

Depuis quand fouille-t-on à Vieux ?
Béatrice Labat, directrice du musée.
Les origines de l’archéologie à Vieux remontent loin. Le site a été fouillé au temps de Louis XIV, c’est-à-dire avant Pompéi ! On y a trouvé les thermes puis, au siècle suivant, le théâtre. C’est à Vieux qu’Arcisse de Caumont, qui était voisin (de Bayeux), a mis au point au 19e siècle les méthodes de l’archéologie moderne. Le théâtre n’a été redécouvert que l’an dernier : les archéologues du 19e siècle en avaient uniquement dégagé la surface pour en prendre les mesures avant de reboucher l’excavation. En 1989-1991, on a mis au jour une maison très richement décorée. Nous l’avons d’abord baptisée Domus du Bas-de-Vieux avant de la renommer Maison du grand péristyle : des domus, nous en trouverons d’autres !

Qu’y avez-vous découvert ?
Béatrice Labat.
Cette maison a révélé de véritables trésors : des mosaïques géométriques, des peintures murales avec, notamment, une frise de poissons et une scène de la guerre de Troie ainsi que des colonnes sculptées. Ces dernières, avec des bas-reliefs représentant Bacchus et des personnages dansant, représentent une découverte exceptionnelle. On n’en connaît que deux autres exemples de cette qualité en Europe, en Allemagne et en Italie. Il faut dire qu’à l’époque, Vieux était une ville importante, une cité, à l’instar de Lutèce ou Bayeux, avec 5000 ou 7000 habitants. La ville a ensuite périclité mais ce déclin n’est pas dû à une invasion ou à un événement violent. Il semble avoir une cause économique. Au Moyen Age, il n’y a plus d’habitants et le site est utilisé comme carrière de pierre.

Comment a pris forme le projet de musée ?
Béatrice Labat, directrice du musée.
Ce sont les collectivités territoriales – ville et canton – qui ont soumis un projet de développement archéologique au conseil général. Il a été approuvé. Vieux a ainsi été la première commune de France à prendre en compte l’archéologie dans le plan d’occupation des sols, dès 1978 ! Pour tous les travaux importants – constructions ou enfouissement des câbles – il y a eu recours systématique à l’archéologie préventive. Ce plan décennal avait pour objet de connaître, de préserver et de mettre en valeur le site. A l’issue du plan décennal, la responsable du service archéologique départemental, Florence Delacampagne, a proposé la création d’un musée. La décision a été prise en 1999, le musée ouvre en 2002, tout est allé très vite. Le projet déclaré vainqueur à l’issue du concours a été celui de Jacques Millet, déjà auteur du Mémorial et du Zénith à Caen. Il est fait de verrières et de béton blanc mais il a une apparence de romanité avec, à l’intérieur, des claustra en bois pour séparer les bureaux. La toiture est en cuivre et a la faible inclinaison (30%) des maisons romaines. Le musée dispose de 600 mètres carrés de salles d’exposition et d’autant d’espaces pédagogiques et techniques.

Avez-vous des éléments chiffrés à nous communiquer ?
Béatrice Labat, directrice du musée.
Le musée a coûté 16,5 millions de francs hors taxes. Le conseil général a fourni 6 millions, le Feder 5 millions, le conseil régional 3 millions, l’Etat, par l’intermédiaire du FNADT, 1,5 millions et le ministère de la Culture 1,25 millions. Le budget de fonctionnement sera de 3 millions de francs par an, dont 80% proviendront du conseil général et le reste des entrées. Nous prévoyons une fréquentation de l’ordre de 40 000 visiteurs par an.


 Rafael Pic
21.02.2002