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Politique culturelle

Annika Larsson, 40-15 Suède


La Biennale la moins chère du monde

Tirana, capitale de l’Albanie, inaugure aujourd’hui sa biennale. Mise sur pied avec l’aide de la revue italienne Flash Art, elle accueille 235 artistes du monde entier.

Lyon, Valence, Venise, São Paulo… On n’en finirait plus d’énumérer les biennales tant elles fleurissent partout. Parmi les dernières nées, la plus originale est certainement la petite sœur albanaise. « L’idée de créer une biennale différente car montée avec un tout petit budget et organisée en un lieu de frontière, loin des centres classiques de l’art contemporain, nous explique Michele Robecchi, rédacteur en chef de Flash Art International, l’un des organisateurs. La gestation a duré plus de 2 ans. Giancarlo Politi, le directeur de Flash Art, s’était rendu en Albanie pour une exposition. Il y a noué des contacts, notamment avec le maire, Edi Rama. »

La réaction contre les biennales riches était l’un des fondements de l’entreprise et le budget annoncé – 30 000 dollars – ne servirait même pas à couvrir les frais d’installation d’un pavillon à Venise… Nous assistons aujourd’hui à une inflation de biennales, qui engloutissent des sommes énormes. Pourquoi ? C’est le moyen le plus simple de trouver de l’argent. Il est plus facile d’investir des fonds pour un grand événement tous les deux ans que de construire la collection d’un musée permanent… Les 30 000 dollars représentent le budget fourni par la ville. Pour le reste, c’est un événement où tout le monde s’est pris en charge, une sorte de volontariat artistique. Chacun a dû se trouver un sponsor. Le British Council a financé la venue des artistes britanniques. Piero Golia, qui fait une performance en barque, a été soutenu par une société qui construit des bateaux et ainsi de suite… »

Les commissaires sont eux-mêmes, pour la plupart, des artistes déjà affirméseux-mêmes. Vanessa Beecroft, dont les performances avec mannequins ont désormais fait le tour du monde – et notamment lors du G8 à Gênes, ville dont elle est originaire – emmène la délégation américaine. Le photographe Oliviero Toscani, démiurge de Benetton, et Maurizio Cattelan, dont une sculpture sacrilège présentait récemment le pape écrasé par une météorite, coordonnent la sélection internationale. Pour la France, c’est Nicolas Bourriaud qui est le grand ordonnateur, tandis que l’Albanie repose sur Edi Muka. La partie électronique est confiée à Miltos Manetas. Souhaitons longue vie à cette nouvelle aventure. Mais demandons-lui de nous faire découvrir, pour respecter son engagement, de nouvelles scènes artistiques : la Biélorussie, la Croatie et, bien sûr, l’Albanie.


 Rafael Pic
14.09.2001