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Musées

Un musée sur les victimes du nazisme et du communisme

En pleine période électorale, la Hongrie ouvre les portes d'un établissement très controversé.

BUDAPEST, 21 fév (AFP) - Un musée controversé sur les "victimes du nazisme et du communisme" sera inauguré dimanche à Budapest à l'initiative du gouvernement conservateur, qui espère en tirer des bénéfices politiques à deux mois des élections législatives. "L'ouverture du musée coïncide avec le milieu de la campagne électorale, rabaissant les heures sombres de l'Histoire hongroise au niveau d'une odieuse propagande politique", estime l'historien Andras Mink. "J'espère que, grâce à ce musée, les victimes (du nazisme et du communisme, ndlr) auront le sentiment d'avoir été réhabilitées et que ceux dont la conscience est chargée auront des remords", lui répond la directrice du musée, Maria Schmidt. Le musée a été installé dans un immeuble cossu de la splendide avenue Andrassy, dans un quartier résidentiel au coeur de Budapest. En 1944, le bâtiment abritait le siège des Croix fléchées, les nazis hongrois qui ont contribué à exterminer près de 600.000 juifs hongrois et des milliers de Tziganes dans les camps de la mort. Puis, entre 1945 et 1956, il avait hébergé le siège de l'AVO, la police secrète hongroise qui a torturé et assassiné dans les sous-sols des milliers de personnes ayant refusé de coopérer avec les autorités hongroises pro-soviétiques.

L'an dernier, le Premier ministre (conservateur) Viktor Orban s'était engagé à financer le musée après avoir décrété un "jour de mémoire pour les victimes du communisme" le 24 février et un autre "jour de mémoire pour les victimes de l'Holocauste", le 17 avril. "Le Premier ministre était convaincu que si nous exposions les heures sombres de notre Histoire dans un musée, nous nous en délivrerions", explique Mme Schmidt, précisant que le musée avait été créé "en un temps record" avec le soutien du Premier ministre dont elle est l'une des proches conseillères. "Le musée n'aurait pas dû être ouvert alors que la page d'Histoire qu'il évoque fait l'objet quotidiennement de querelles politiques", estime Laszlo Bruszt, politologue à l'Université d'Europe centrale à Budapest. "Un consensus devrait d'abord être trouvé dans le pays sur le rejet du nazisme et du communisme avant de remiser les deux systèmes derrière des verrières", ajoute-t-il. "Pour cela, il faudrait d'abord empêcher que la propagande raciste et antisémite ne s'introduise dans le débat public", selon lui. Le Fiedesz, le parti au pouvoir, a récemment qualifié les membres de l'opposition social-démocrate de "vassaux de la terreur communiste" et de "sorcières". La Hongrie, un ancien satellite de l'ex-URSS, a rejoint l'Otan en 1999 et espère adhérer en 2004 à l'Union européenne. M. Orban est candidat aux élections des 7 et 21 avril. "L'enjeu des élections d'avril consiste à savoir si nous sommes capables de laisser, pour toujours, derrière nous l'époque où ces sorcières ont dirigé notre vie", avait déclaré le vice-président de Fidesz, Laszlo Koever, samedi au congrès du parti. Le Miep (extrême droite, opposition) a déjà indiqué qu'il manifesterait dimanche devant le siège du Parti socialiste et que ses partisans se rendraient ensuite au musée pour rendre hommage "à ses victimes". Des critiques du musée ont souligné que trop peu de place était consacrée aux victimes de l'Holocauste. "Il n'y a qu'une seule salle consacrée aux Croix fléchées tandis que toutes les autres font l'inventaire des horreurs du communisme", a indiqué un visiteur qui a vu le musée en avant-première.

Par Eszter SZAMADO

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  AFP
23.02.2002