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Patrimoine

Le pont de Londres ne vibre plus

La passerelle imaginée par Norman Foster avait dû fermer en juin 2000, trois jours après son ouverture. A l’issue de travaux de consolidation, elle vient d’être inaugurée une nouvelle fois.


© Dennis Gilbert/VIEW
Les ponts piétons n’ont pas bonne presse. On connaît les déboires de la passerelle Solférino, à Paris, dessinée par Marc Mimram. Londres, obéissant à un curieux parallélisme des formes, a vécu les mêmes difficultés avec un projet de Norman Foster. Lors de son inauguration en juin 2000, ce pont du millénaire (Millennium Bridge) a attiré 160000 passants en trois jours puis a dû fermer en raison de trop fortes vibrations. Il a rouvert hier en grande pompe. L’initiative de cette nouvelle liaison entre les deux rives n’est pas venue de l’Etat mais d’une entreprise privée, en l’occurrence le «Financial Times», dont les bureaux se trouvent à Bankside, à côté du théâtre de Shakespeare, le Globe, récemment reconstruit. L’ouverture de la Tate Modern, dans une ancienne centrale électrique transformée par Herzog et de Meuron, a donné un attrait supplémentaire à ce quartier de Londres. Dès lors, l’idée de le relier à la City, en face, devenait envisageable. Le concours d’architecture lancé par le «Financial Times» à l’automne 1996 a attiré 277 candidats. C’est l’équipe composée de Norman Foster, du sculpteur Anthony Caro et de l’entreprise d’ingéniérie Ove Arup, qui a été désignée vainqueur en décembre 1996.


© Dennis Gilbert/VIEW
Les pouvoirs publics ont vite emboîté le pas du secteur privé. Le Millennium Bridge Trust a été créé, pour réunir les financements. Pour l’ouvrage d’art, d’un coût de 18,1 millions £, la Millennium Commission a débloqué 7,1 millions £, la ville de Londres 4,2 millions £, la Hong Kong and Shanghai Banking Corporation, propriétaire de la Midland Bank, 3 millions £ et le Cross River Partnership 2,1 millions £, le solde étant apporté par des donateurs privés. La construction du pont - le premier à Londres depuis l’achèvement du Tower Bridge en 1894 - a commencé en avril 1999. Précipitation ? Insuffisance des études préalables ? Architectes, ingénieurs et entreprises de travaux publics (Mc Alpine et le danois Monberg, qui a signé le pont de l’Oresund entre Suède et Danemark) avaient un pedigree impeccable. Pourtant, les vibrations… Leur traitement a demandé presque autant de temps que la construction du pont (huit mois de travaux effectifs de mai 2001 à janvier 2002) et a entraîné un surcoût de 5 millions £. Des amortisseurs – au nombre de 91 – ont été posés sous le tablier du pont. Ils sont invisibles aux visiteurs. Long de 320 mètres, large de 4 mètres, le pont est en forme d’arc, à 10,8 mètres au-dessus du niveau des hautes eaux de la Tamise. Près de 2400 tonnes de béton ont été coulées pour asseoir ses piles. Il devra maintenir faire face à plusieurs millions de traversées par an entre deux des principales attractions londoniennes, la Tate Modern et la cathédrale Saint Paul.


 Rafael Pic
23.02.2002