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Les secrets de l’Asie centrale

Restée terra incognita jusqu’au 19e siècle, l’Asie centrale s'est révélée un creuset de cultures grâce à deux siècles de recherches archéologiques.

Jusqu’au 19e siècle, on désignait cette partie de l’Asie « Milieu du monde». Le terme d’Asie Centrale ne fera son apparition qu’au début du 19e siècle. Il désignait une aire aux limites quelque peu floues. Aujourd’hui, cet espace englobe la Chine occidentale, la Mongolie, les républiques asiatiques ex-soviétiques, l’Afghanistan et les régions septentrionales de l’Iran, du Pakistan et de l’Inde. L’historienne Svetlana Gorshenina et l’archéologue Claude Rapin se sont penchés sur l’histoire ancienne et récente de ce formidable carrefour culturel et commercial.

Dès l’Antiquité, bien qu’en marge de l’Europe, cette terra incognita suscita un grand intérêt auprès de voyageurs éclairés, nourris de récits d’historiens grecs et romains, relatifs, en particulier, aux conquêtes d’Alexandre le Grand au «pays de Gog et Magog». Le mythe d’Alexandre cèdera la place, beaucoup plus tard, au 19e siècle, à un orientalisme teinté d’exotisme et de romantisme. Avant son accession au rang de discipline scientifique, l’archéologie fut au tournant du 20e siècle le «passe-temps» de quelques passionnés glanant ça et là divers objets (céramique, vaisselle, armes…). Ces trouvailles faisaient fureur lors des expositions universelles, dans les cabinets de curiosités ou dans les demeures privées occidentales, où on les affichait en guise de décor. Les années 1920-1950 voient l’approche archéologique se politiser, à l’image des tensions qui divisent le monde à cette époque. L’Afghanistan, «Etat tampon» oppose, à cette époque, les Soviétiques aux Occidentaux. Le TKLA (Cercle turkestanais d’amateurs d’archéologie) tout comme la DAFA (Délégation française archéologique en Afghanistan) font leur apparition sur la scène archéologique et participent activement à la mise au jour d’informations nouvelles sur les cultures pré-islamiques.

Le récit de cette aventure historique et archéologique est enrichi de nombreux visuels (cartes géographiques, tableaux, photographies, etc) et documents. On y cite les témoignages des pionniers, on y aborde l’iconoclasme d'hier et l’obscurantisme d’aujourd’hui, on y rend compte de la pluridisciplinarité de l’archéologie moderne. Deux siècles de recherches sont évoquées qui, au gré des aléas politiques, ont fait la lumière sur les Achéménides, les Parthes, les Kouchans, les Sogdiens, les Turcs, les Arabes ou les Mongols, et dont témoignent des noms mythiques : Samarcande, Bamyan, l'Oxus et son trésor, Pendjikent ou la Bactriane…


 Souad Hali
01.03.2002