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Expositions

Visages de marbre

A Florence, le palais Medici Riccardi célèbre la splendeur de ses collections de sculptures.


Buste d'Anacréon, 62 cm
© Palazzo Medici-Riccardi
Cette exposition documentaire fait partie d'un cycle important de manifestations destinées à mettre en valeur les collections qui sont conservée au sein du palais Medici Riccardi de Florence. Cet imposant édifice, qui rappelle la splendeur et la puissance de la famille Médicis, a été racheté en 1659 par un riche banquier, Riccardo Riccardi. Celui-ci, grand amateur et humaniste éclairé, y installe la majeure partie des œuvres qu'il avait rassemblées auparavant dans le palais Gualfonda, qui existe encore de nos jours via Gualfonda.

Parmi toutes les merveilles acquises par ce grand humaniste, qui avait créé un véritable musée, se trouve un nombre significatif de marbres antiques. Neuf d'entre eux appartenaient à la collection des Médicis. Le nouvel acquéreur avait sans doute tenu à les inclure dans le contrat de vente. Mais le transfert définitif de l'ensemble de la collection n'a pu avoir lieu qu'en 1687 car, aussi curieux que cela puisse paraître, les biens de la famille étaient indivisibles. Celle-ci craignait sans doute une dispersion de ses trésors à l'occasion d'un héritage. Quoi qu'il en soit, il fallut l'intervention du grand duc Côme III pour que l'installation de cette collection pût enfin se faire dans le prestigieux palais. La cour principale fut aménagée de manière très savante par l'architecte G. B. Foggini pour abriter les chefs d'œuvre du passé. Sans doute cet aménagement fut-il le plus prestigieux et le plus représentatif de l'ère baroque. En 1814, la famille Riccardi est complètement ruinée. La collection est mise en vente en 1811 et, cette fois, irrémédiablement dispersée. Mais les marbres, formant un lot, étaient d'un prix trop élevé et ne trouvèrent pas preneur. Le palais devint alors propriété du grand duché tout comme les fameuses sculptures. En 1840, quelques-uns de ces marbres sont annexés par le musée des Offices, qui parvint par la suite à déplacer les soixante-cinq bustes qui décoraient les pièces du palais. Seules les sculptures installées dans la grande cour demeurèrent en lieu et place. L'inondation dévastatrice de 1966 les dégrada sérieusement. Aujourd'hui restaurés, ils sont de nouveaux présentés au public.

Les figures d'Asclépios, dieu de la santé, d'Anacréon, philosophe grec, d'un jeune athlète, d'Hercule, d'Euripide, de Sabine, racontent une histoire mouvementée, car ils ont été plusieurs fois complétés, modifiés, partiellement remodelés, de l'Antiquité jusqu'à la fin de la Renaissance. Une telle exposition a une fonction pédagogique évidente : elle montre que les grandes ouvres d'art ont été métamorphosées au cours des siècles en fonction de l'idée qu'on s'en faisait. C'est aussi une bonne introduction à l'idée de collection ( et non plus de cabinet de curiosités) avant que naisse la notion de musée public au début du XIXe siècle.




 Gérard-Georges Lemaire
05.03.2002