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Expositions

Tournez costumes !

«Le Bon Marché» célèbre la danse et la mode à travers une trentaine de costumes réunis dans un ballet insolite.


Une installation mobile, sorte de manège ou de piste de cirque, met en valeur quelques-unes des créations emblématiques de la danse contemporaine de ces vingt dernières années. Les costumes sont suspendus sur de gros ballons noirs. Les uns après les autres, ils tournent, s’élèvent dans les airs ou se rapprochent des spectateurs. Un éclairage rotatif les illumine le temps de leur prestation. Quand celle-ci est terminée, nos objets se retrouvent immobiles dans le noir attendant que leur tour revienne. Ainsi, la robe rouge à pompons imaginée par Sybilla pour Salomé - ballet de Bianca Li, 1995) - se met à sautiller. Les incontournables corsets roses de Jean Paul Gaultier pour Le défilé de Régine Chopinot (1985) se dressent fièrement au-dessus des autres. Puis sont mises en scène les étranges tenues rouges agrémentées de bosses, qui déforment les corps des danseurs, conçues par Reï Kawabuko de «Comme des Garçons» pour le chorégraphe Merce Cunningham (Scénario, 1997). Enfin, les tutus rouge, vert ou rose et blanc de Christian Lacroix pour Les anges ternis de Karole Armitage se font admirer.


Certains costumes, ainsi délivrés des corps des danseurs, deviennent des formes étranges, presque indéfinissables. Ceux d’Issey Miyake, pour The loss of small detail de William Forsythe (1991), plissés aux formes anamorphosées dans des tons verts-bleus semblent être de grandes feuilles fragiles. Parallèlement, les spectateurs peuvent regarder les vidéos des chorégraphies sur de petits écrans placés tout au long de l’installation. Les ballets des plus grands noms de la danse contemporaine, Pina Bausch, Anne Teresa de Keersmaeker, Carolyn Carlson ou Angelin Preljocaj, défilent. On retrouve les costumes exposés, qui prennent tout leur sens dans les mouvements des danseurs. L’exposition souligne ainsi le rôle de plus en plus important du costume dans les ballets contemporains. Dans les années 1960 et 1970, les chorégraphes ont délaissé les inventions vestimentaires, au profit d’une expérimentation sur un corps libéré de toute contrainte. Aujourd’hui, la place du costume est devenue si importante que Christian Rizzo a conçu en 1999 un curieux ballet de vêtements sur cintres, sans danseurs...


 Laure Desthieux
07.03.2002