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Marché

Chatou, les brocanteurs s’invitent chez le Père Fournaise

Depuis plus de trente ans, le village cher aux impressionnistes accueille la Foire nationale de printemps à la brocante et aux jambons.


© Daniel Le Moal
Auguste Renoir se rendait régulièrement à l’auberge du Père Fournaise, Vlaminck venait puiser son inspiration sur les bords de Seine. L’île de Chatou témoigne aujourd’hui encore de cette effervescence du siècle des impressionnistes. Guinguettes, barques et canotiers hantaient les rives de ce lieu de prédilection des peintres, situé dans le département des Yvelines, non loin de Versailles. Pour trouver l’origine de la foire à la brocante et aux jambons de Chatou, il faut remonter au Moyen Age. Spécialité gauloise, le jambon a des provenances variées : Bayonne, Cerdagne, Franche-Comté... Pour la vente de ce produit, les charcutiers de tout le pays se réunissaient à Paris une fois par an, durant la Semaine sainte. D’abord installés autour de Notre-Dame, les marchands, de plus en plus nombreux, furent contraints de se déplacer rue des Prouvaires, place de l’Hôtel de Ville puis place de la Morgue (actuelle Place de la Concorde).

Interrompue durant la Révolution, la Foire aux jambons retrouve ses lettres de noblesse en 1804. Il faut attendre 1840 pour que naisse la Foire à la ferraille, adjonction de marchands d’objets en tout genres, qui accompagnera désormais la vente des jambons... En 1969, le boulevard Richard-Lenoir accueille la manifestation une fois par an, avant qu'elle devienne un rassemblement bi-annuel à partir de 1945. Durant plus d’un siècle, les amateurs de charcuterie et les chineurs seront au rendez-vous. Une décision du Conseil de Paris du 2 février 1970 demande le transfert de la Foire hors de la Capitale. Le S.N.C.A.O (Syndicat National du Commerce de l’Antiquité et de l’Occasion) associé à la municipalité de Chatou, mène alors une opération de sauvetage. Chatou célèbre, depuis cette date, l’arrivée du printemps et de l’automne avec la Foire nationale à la brocante et aux jambons.


© Françoise Bourbonnais
Cette année encore les organisateurs de la Foire attendent plus de 70 000 visiteurs. «L’espace d’exposition est situé dans l’île, face au célèbre restaurant La Fournaise. La surface avoisine les 3,5 hectares répartis de part et d’autre du boulevard Richard-Lenoir » précise Michel Gomez, le président du S.N.C.A.O. De manière à recréer l’organisation de l’ancienne foire parisienne, les stands bordent des allées aux noms de rues de la Capitale. Ainsi les visiteurs pourront passer de la rue Jules Ferry à la rue de la Bastille. Si les premières allées sont réservées aux antiquités, la broquante et la ferraille prennent place dans le fond. Les amateurs pourront déguster des produits du terroir dans l’allée du boulevard Voltaire. «Au départ la foire s’étalait sur trois semaines. Jugée trop longue par les professionnels, nous l’avons réduite à 10 jours. Le nombre de visiteurs n’en a pas été affecté ». Les 800 exposants sont sélectionnés parmi un large éventail d'antiquaires et de brocanteurs de toute la France. «Nous ne pouvons accepter plus de 800 stands, des limites géographiques nous sont fixées, mais la liste d’attente est longue !».

«La foire de Chatou peut aujourd’hui être considérée comme une foire pilote. Nous veillons à conserver des prix d’emplacement abordables et bien inférieurs aux autres manifestations parisiennes». La présence d’un expert sur place donne à l’événement une garantie d’authenticité. «L’un de nos critères incontournables concerne l’interdiction de copie». Les pièces présentées varient du meuble estampillé aux pièces de collection en passant par un joyeux bric-à-brac qui saura séduire les promeneurs du dimanche. Collectionneurs et acheteurs avertis trouveront également l’objet insolite ou le meuble idéal tandis que les curieux pourront s’attarder à l’exposition d’art animalier. «Cette foire s’annonce plutôt difficile compte tenu des événements de septembre. D’autre part, l’euro n’a pas joué son rôle de stimulateur. Les affaires marchent donc au ralenti mais nous espérons, cette année encore, enrayer la morosité ambiante ».


 Stéphanie Magalhaes
09.03.2002