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Beaune déménage ses collections

Les collections du musée des beaux-arts quittent l’Hôtel de Ville pour la maison Calvet. Daniel Rouvier, conservateur, nous dit pourquoi.


© Musée des beaux-arts de Beaune
Comment est né le musée des beaux-arts de Beaune ?
Daniel Rouvier.
On doit les premières acquisitions à la bibliothèque de la ville, assistée par la SHAB (Société d’histoire et d’archéologie beaunoise) au 19e siècle. Le premier musée de Beaune, essentiellement constitué de témoignages de l’histoire locale et d’objets archéologiques, a vu le jour en 1850 en raison de l’ampleur des collections réunies. Il a fallu attendre 1860 et l’arrivée d’un nouveau conservateur, Hippolyte Michaud, pour orienter les achats dans le domaine des beaux-arts. Comme tous les musées du 19e siècle, institutions républicaines par excellence, leur place se trouvait alors près des instances de pouvoir de la cité. Les collections ont donc rejoint les salles de l’Hôtel de Ville. Donations, dépôts et acquisitions ont ensuite concouru à l’enrichissement du fonds permanent : le dépôt du musée du Louvre de 40 pièces égyptiennes en 1907, la donation Félix Ziem en 1912…

Pourquoi avoir transféré les collections ?
Daniel Rouvier.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après l’utilisation des locaux comme lieu de stockage des armes et du charbon, le nouveau conservateur, René André, a entrepris un réaménagement des salles (1946) et des travaux de modernisation (1959-60 et 1978). Très vite, la surface d’exposition s’est avérée insuffisante (300m2) et non conforme aux normes de conservation (pas de chauffage). En 2000, la ville de Beaune a acheté l’ancienne maison Calvet, située en périphérie de la ville. Empreint d'un fort caractère viticole (pavés en bois et cour intérieure), le bâtiment bénéficie également d’un intérêt patrimonial par ses tours médiévales et son enceinte de 7m d'épaisseur. Dans ses 9000 m2, ce lieu réunira l’office du tourisme, la maison des associations, le musée des beaux-arts et le futur musée Etienne-Jules Marey (en 2004). Pour le moment, nous disposons de 500 m2 de surface d’exposition. Et nous souhaitons atteindre, à terme, les 800m2. Le musée serait ainsi à l’échelle de notre ville de 22 000 habitants. Les nouveaux locaux prendront en compte le contrôle de l’hygrométrie afin d’éviter tout choc climatique lors du déménagement des œuvres. Côté muséographique, nous avons opté pour une présentation simple avec trois couleurs de cimaise pour rythmer le parcours.


Félix Ziem, Reposoir
© Musée des beaux-arts de Beaune
Et le budget ?
Daniel Rouvier.
Nous fonctionnons sur un budget de fonctionnement commun pour les trois musées de la ville, d'environ 30 000 €. Compte tenu d’une année budgétaire difficile, aucune acquisition n’est envisageable pour le moment. Certains tableaux, comme La liseuse de Jean Raoux ou ce Portrait d’une abbesse d’un peintre anonyme, restent sous leur papier de protection, faute de financement pour leur restauration. Les travaux de réfection des bâtiments ont entièrement été pris en charge par la ville. Au total, cela représente presque 400 000 €.

Comment sont présentées les collections ?
Daniel Rouvier.
Pour le moment, seule la section beaux-arts est exposée. Par la suite, le parcours inclura l’archéologie et l’histoire de la ville. Si le musée possède près de 10 000 pièces, seules 127 sont visibles en salles. Nous avons opté pour un parcours chronologique partant du 12e siècle pour s’achever en 1935. La présentation débute avec une Vierge à l’enfant en bois polychrome de belle facture, des ateliers de Nolay. Cette œuvre, déjà exposée en 1946, selon les relevés de salles de René André, sommeillait dans les réserves depuis 1960. Viennent ensuite deux sculptures du 15e siècle provenant de l’ancienne commanderie des Templiers de Beaune : Saint Jacques le Majeur et une Tête de roi, données au musée en 1855. Les écoles flamande, française et italienne ne sont pas omises. Le musée accorde une place de choix au 19e siècle et plus particulièrement aux peintures de Félix Ziem. Avec 37 peintures de l’artiste, la collection de Beaune se place en troisième position derrière le musée Ziem de Martigues et le Petit-Palais de Paris.

Des découvertes ont-elles accompagné ce déménagement ?
Daniel Rouvier.
J’ai effectivement trouvé, dans le grenier de l’Hôtel de Ville, une sculpture en plomb de Pierre Roche, datée de1899. Artiste peu connu (le musée d’Orsay prépare actuellement une exposition sur son œuvre), sa Tête de femme a pourtant été présentée à l’Exposition universelle de 1900 à Paris.




 Stéphanie Magalhaes
02.03.2002