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Coup de projecteur sur l'art

Le Festival International du Film sur l’Art de Montréal : 200 films et 20 bougies.


Alain Fleisher, À la recherche de
Christian B.
, créé en collaboration
avec Christian Boltanski
© FIFA 2002
Cela fait plus de vingt ans que l’idée d’un festival sur les films d’art est venue à René Rozon. À l’époque, le critique d’art et de cinéma québécois est rédacteur en chef adjoint de la «Vie des Arts». «Je voyais des films dans des musées et dans des galeries, surtout en Europe et aux Etats-Unis. Mais c’était toujours isolément et j’ai trouvé que ce serait intéressant de rassembler tout cela…» Le festival voit alors le jour sous la houlette du service éducatif du musée d’Art contemporain de Montréal. Une expérience de deux ans qui permet à René Rozon de recueillir l’attention des financiers quand l’heure des restructurations budgétaires impose que le festival devienne indépendant.


Tomoo Ueno, Bunraku 47
© FIFA 2002
L’an passé, le festival a accueilli 15 000 spectateurs. «C’est un résultat énorme pour un domaine aussi pointu et en six jours», se ravit René Rozon. La recette de ce succès reste la même : jouer la carte de la diversité. Deux cents films et vidéos venus d’une trentaine de pays sont répartis en six sections. «Trajectoires» présente un panorama de productions récentes concernant différentes formes d’art : architecture, théâtre, musique, mode, histoire de l’art, peinture, design, photographie, littérature, danse… «Point de mire» rend hommage à un réalisateur, ici, Alain Fleisher, photographe, cinéaste, écrivain et fondateur du Fresnoy – Studio national des arts contemporains. «Miroirs de l’art» est consacré aux films d’artistes. Cette année, les vidéastes canadiens présentent leurs œuvres récentes : documentaires, narrations musicales, socio-vidéo, art-vidéo ou vidéo performances. «Paradis artificiels» se penche sur le septième art, avec des portraits filmés de réalisateurs et d’acteurs. Enfin, «Temps retrouvé» réunit des archives sur une thématique donnée, comme le 20e anniversaire de la Délégation aux arts plastiques du ministère français de la Culture.

La section la plus courue, tant par le public que par les professionnels internationaux, demeure pourtant la compétition officielle, le «Carrefour de la création». L’ouverture a lieu ce soir avec un portrait de l’une des plus brillantes figures du Land art, Andy Goldsworthy. Le documentaire de Thomas Riedelsheimer rend 90mn d’hommage aux sculptures de l’artiste britannique, œuvres persistant dans le paysage ou interventions éphémères, pourrissant, fondant ou emportées par le vent. Avant la soirée de remise des prix, le 17, les membres du jury, des cinéastes et des producteurs, auront pu voir 40 films de 17 pays. Ils auront visité quelques lieux mythiques avec La Galleria Borghese de l’italien Rubino Rubini ou Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau du français David Teboul. Ils auront été immergés dans des spectacles allant des traditionnelles marionnettes Bunraku du japonais Tomoo Ueno aux chorégraphies de Birgitta Egerbladh filmées par le suédois Torbjörn Ehrvall dans Chambres secrètes… Ils auront touché au cœur de la création avec des portraits d’artistes comme ceux du peintre et sculpteur Suzor-Coté du canadien Serge Giguère, d'Alberto Giacometti, les yeux à l’horizon du suisse Heinz Bütler ou de I.M. Pei, le mandarin des temps modernes de l’allemand Gero von Boehm…


 Zoé Blumenfeld
12.03.2002