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Expositions

Ponomarev, l’homme qui fait «tenir l’eau debout»

La cité des Sciences et de l’industrie de la Villette ouvre ses portes aux installations de l’artiste Alexandre Ponomarev.


Alexandre Ponomarev
© Photo : Régis Grman
Pour la première fois en France, l’artiste moscovite présente ses travaux. Né en 1957 à Dniepropetrovsk, Alexandre Ponomarev obtient son diplôme d’ingénieur de l’Ecole navale d’Odessa en 1973. Dès lors, l’univers de la mer restera omniprésent dans ses œuvres. Dans les années 1980, il réalise des toiles non figuratives et des installations nommées Topographies abstraites , « coupes cartographiques instantanées » qui annoncent déjà son attirance pour les éléments. Une exposition à la Galerie Tretiakov de Moscou en 1996 présente La trace septentrionale de Léonard de Vinci et Ressusciter les navires. La conception du Pavillon de la Russie à l’Exposition universelle de Lisbonne, en 1998, et son installation, Le souffle de l’Océan, annoncent la création de Mémoire de l’eau, première commande privée d’art contemporain dans la Russie post-soviétique.


Alexandre Ponomarev,
Base de Mémoire d'eau
© Photo : Régis Grman
Dans une salle quasi-obscure, les installations de l’artiste semblent animées d’une lumière évanescente. Installées sur un socle d’un mètre cinquante, les huit colonnes de Mémoire d’eau s’élèvent sur six mètres de hauteur. Cette construction en plexiglas remplie de douze tonnes d’eau s’impose par sa monumentalité. Dans chacune des colonnes, des « submobiles » montent et descendent de manière ordonnée pour se rassembler à la surface ou au fond. Le mouvement de ces objets ailés s’apparente au déplacement des méduses dans l’univers marin. L’immobilité et le silence de l’ensemble ne sont dérangés que par l’action de quelques bulles qui tentent de s’échapper de manière anarchique de cette grande masse d’eau. L’éclairage de l’installation accentue l’impression de profondeur et plonge le visiteur dans un monde abyssal.

À la verticalité de Mémoire d’eau s’oppose la verticalité de Dalaï(« océan » en tibétain). Sur un socle d’un mètre vingt de hauteur, un aquarium de douze mètres de long, rempli d’eau, occupe l’espace. Sur le mur, à son extrémité, la projection d’un film réalisé par l’artiste lors de son voyage au Tibet. Le visiteur peut observer les ondulations de rideaux sous l’effet du vent avant de voir apparaitre le visage de l’artiste. Ce dernier prend sa respiration et souffle sur l’installation qui lui fait face. Une vague se forme alors dans l’aquarium. Durant l'animation de Dalaï, des images de vagues déferlant sur une plage s'accordent avec le bruit du vent. La fin du film correspond à un retour au calme dans l’installation.

Sur les murs sont exposés les dessins de l'artiste. Des croquis se superposent aux tracés de cartes marines russes de grandes dimensions et font revivre ses Topographies abstraites » des années 90. Sur un autre pan de mur, des petits dessins, tirés d’un carnet, présentent au visiteur la genèse des installations de l’artiste. Sans titre ni indication, ces œuvres réalisées au crayon et au stylo livrent les premières recherches d’Alexandre Ponomarev dans sa quête pour « faire tenir l’eau debout »


 Stéphanie Magalhaes
14.03.2002