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Expositions

Benoît Tranchant, Alerte à ces heures,
2002, acrylique sur toile, 162x130 cm
© ADAGP

La virée nocturne de Benoît Tranchant

Exposées à la Réserve, les dernières créations de l'artiste signent son retour à un univers urbain et crépusculaire.

Comme en ses premiers jours, au milieu des années 80, la peinture de Tranchant nous projette dans une réalité urbaine. La lumière des néons de la Grande Roue, les flashes des feux de croisement ou des phares de voitures, s'opposent à l'ambiance immanente, glauque et sombre de la nuit. Surprise pour ceux qui s'étaient habitués aux toiles minimalistes inspirées par un réel coutumier et par les choses simples de la vie en banlieue ! Il s'agit désormais de sortir à nouveau de l'atelier et d'embrasser Paris, de quitter les registres figés bleus et verts pour des couleurs chaudes et crépusculaires. Mais il n'y a toujours personne de visible dans l'univers de Tranchant. Derrière le dépouillement apparent, les grands fonds sombres permettent de fantasmer sur le grouillement intime de vie à l'ombre des croisements, le long des larges avenues ou derrière les vitres des voitures. Les titres des grandes scènes de trafic urbain le suggèrent également : Léchant mal adorent l'autre en amont ou Plus jamais tendre et l'autre joue.

Tranchant aime la ville. Il l'a sillonnée dans sa jeunesse lorsqu'il vivait de petits boulots de chauffeur-livreur. Il nous l'offre dans sa matérialité et dans ses mouvements : feux de croisement passant au rouge, périphérique désert, flots de voitures pilant au feu. Il y ajoute des objets symboliques, véritables fétiches artistiques, comme cette série de scooters, sublimée grâce à un travail par couches picturales superposées, par un jeu de claire-voies caractéristique. Qu'en retient-on ? Une impression de connu sans nom.


 Pierre-Antoine Baubion
25.03.2002