Home > Le Quotidien des Arts > L’art-thérapie, avenir de la médecine ?

Livres, CD, DVD

D'après photo de © P.O
Deschamps - Agence Vu

L’art-thérapie, avenir de la médecine ?

Alors que les hôpitaux consacrent deux journées à étudier leur rapport à l’art, un petit ouvrage fait la synthèse d’une pratique en développement constant.

De 1803 à 1813, le marquis de Sade, vieux et obèse, met en scène ses co-pensionnaires de l’asile de Charenton dans des pièces qui durent plusieurs heures. La bonne société de Paris joue des coudes pour voir les fous faire du théâtre. Ce serait, selon l’auteur, l’une des premières tentatives raisonnées d’art-thérapie. Utilisée pour substituer le langage lorsque celui-ci ne «passe» pas, pour précéder un traitement psychanalytique ou simplement pour soulager, l’art-thérapie est désormais très à la mode. L’introduction historique mêle les noms du docteur Blanche, d’Esquirol, de Lombroso, qui voyait dans le génie une pathologie, de Charcot ou de Freud, qui tenta de reconstituer la sexualité étiolée de Léonard, et sa sublimation, dans le célèbre Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci. Lorsque l’art des fous se transforme en art brut, grâce à l’aliéniste Prinzhorn qui consacre en 1921 une monographie à l’œuvre du valet pédophile Wölffli, les fondations de l’art-thérapie sont véritablement posées.

Jean-Pierre Klein, qui dirige lui-même l’Institut national d’expression, de création, d’art et de thérapie passe ensuite en revue les différentes formes d’art-thérapie. Sont étudiés l’écriture, dont Queneau et l’Oulipo sont des pionniers, et les arts plastiques, en insistant sur le cas du tuberculeux Adrian Hill, dont les tableaux réalisés en sanatorium frappèrent le public londonien en 1941 et furent à l’origine d’une «thérapeutique par l’art», mise en œuvre par la Croix-Rouge. Mais aussi le théâtre (Armand Gatti), la danse (Mathilde Monnier), la musique (Martinot, Carl Orff) ou, plus inattendues, la photographie et la vidéo. Les derniers chapitres, plus techniques, établissent une typologie des patients et insistent sur la nécessaire «mise en distance». Dans une collection longtemps réputée pour son austérité, quelques images en couleurs illustrent une pratique qui connaît aujourd'hui une véritable explosion.


 Rafael Pic
15.03.2002